Aujourd’hui, je suis allé voir The Neon Demon pour la seconde fois, avec le même sentiment final. La première moitié est hypnotique à souhait et la seconde inutilement sanglante. Un peu comme dans Drive. Ce qui suffit pour me faire aimer le film et le recommander. Parce qu’il y a de très bonnes raisons de se liquéfier devant The Neon Demon.

  1. Comme souvent chez Nicolas Winding Refn, l’alliance musique / image / rythme est totalement suréelle. Il faut voir Elle Fanning défiler pour apprécier l’art du réalisateur pour la mise en scène. Cette scène centrale marque la coupure entre l’avant et l’après. L’héroïne semble signer un pacte avec le diable par son baiser sur un miroir, comme transformée en vamp magnétique après avoir déboulé comme une biche prise dans les phares d’une voiture. La jeune Elle Fanning personnifie d’ailleurs très bien l’innocente pervertie par les sirènes de la gloire.

2) La musique justement, matinée d’électro avec toujours ce rythme binaire extrêmement efficace. Le réalisateur a un vrai don pour choisir des morceaux complètement fascinants. Kavinsky avait adjoint son Nightcall à Drive, The Neon Demon aura The Demon Dance par Julian Winding. Ce morceau est juste dingue et colle parfaitement au premier défilé de Jesse. Je ne m’en lasse pas…

3) Il y a chez l’héroïne le parfum de soufre du pacte avec le diable, une aura de Docteur Faust quand il cède son âme à Méphistophélès en échange de 3 voeux. Pourquoi fascine-t-elle irrémédiablement son auditoire? Son magnétisme touche au pouvoir maléfique, comme si l’attirance était forcément le fait d’une puissance maléfique. La scène du défile avec cette musique me rappelle Phantom of the Paradise quand Swan parle avec son reflet dans le miroir pour signer un bout de papier, gagner la jeunesse éternelle, arrêter de vieillir et détenir le pouvoir. Elle embrasse son reflet, mais est-ce bien elle qu’elle embrasse ou le démon? A priori, le titre est assez clair, il y a de la puissance démoniaque dans le film. Car si Elle Fanning est effectivement assez mignonne, elle n’est pas au niveau des vrais mannequins qui parsèment le film, ces Bella Heathcote et Abbey Lee ouvertement bitchy et imbues d’elle même. Alors quelle est la source de son attraction? Sa jeunesse est certes un élément important, titillant la fibre gentiment pédophile de tous ces vieux créateurs. Mais non, elle trouble aussi les femmes, son pouvoir est universel. Diabolique.

4) Le réalisateur fait appel à des seconds rôles de choix. Jena Malone, Keanu Reeves, Christina Hendricks (de Mad Men), Desmond Harrington (de Dexter) les stars sont prêtes à tout pour apparaitre chez Winding Refn… c’est un signe. Et si la plus value n’est pas toujours évidente, ça fait toujours plaisir. Surtout que Reeves a un rôle assez peu glorieux, il est bon de voir un acteur joué à contre emploi.

5) Les regards… ils ont une importance capitale dans The Neon Demon. Les mannequins scrutent la nouvelle pépite débarquée de nulle part, les hommes se pâment devant sa petite frimousse, de quoi rester pantois devant ces images de fascination. Même le photographe chelou ne peut quitter du regard le mannequin, comme happé par sa beauté virginale, la drapant de peinture dorée pour souligner son futur status de superstar.

6) Alors comme je le disais, la fin du film ne me fait pas friper du tout. Sang, violence, cannibalisme, volonté de se doter de l’aura de la belle, voilà, ça ne me parle pas, on rentre dans de la psychanalyse pas très poussée. Je préfère la partie dévolue à l’aura démoniaque en cours d’édification… pour moi, la meilleure partie de ce film à découvrir absolument.