Vous avez plus de 30 ans et avez été bercé par la douce mélopée du présentateur de la série La 4e dimension, alias The Twilight Zone Il ne savait pas qu’il venait de rentrer… dans la 4e dimension. Vous êtes nostalgiques de ces épisodes tous différents, aux intrigues variées, aux acteurs interchangeables et aux portées philosophiques universelles. Depuis lors, vous attendiez une nouvelle série capable de suivre le même sillon pour vous faire décoller et atteindre la stratosphère de la série télé. Twin Peaks vous a bousculé à une époque et vous avez cru ressentir le même enthousiasme. Mais si la qualité était évidemment au rendez-vous, force était de constater que ce n’était pas tout à fait le même principe. Pas vraiment de maxime philosophique et d’avertissement sur les dérives de notre société. Et puis Black Mirror est arrivé en 2011. Et tout s’est éclairé.

Une série qui détonne dans le monde des séries

Black Mirror est une série anglaise radine en épisodes, seulement 13 en 3 saisons. Des acteurs à la renommée internationale ont fait des apparitions remarquées comme Jon Hamm alias Don Draper dans Mad Men à la fin de la saison 2. Chaque épisode s’étale de 40 à 80 minutes pour des intrigues qui ne dépassent pas le générique de fin. Chaque programme, bien que différent des autres, suit un même principe extrêmement critique envers le futur de l’humanité. Les protagonistes sont confrontés à des nouvelles technologies qui les dépassent et les mettent en danger. Le mythe de l’avancée technique qui facilite l’existence et rapproche les êtres humains est battu en brèche voire pousser dans ses pires retranchements. Le happy end n’est qu’un lointain souvenir pour des personnages placés en plein cauchemar éveillé. Dès le premier épisode de la première saison, impossible de se tromper. La série imagine un futur proche anxiogène et claustrophobique, à la limite de l’apocalyptique.

Le futur est un cauchemar annoncé

Black Mirror a débuté en 2011 et certaines intrigues de la saison 1 sont déjà notre réalité actuelle en 2017. Le poids croissant des réseaux sociaux était un fantasme il y a 5 ans… force est de constater que le fantasme est devenu réalité. De là à penser que les portables seront bientôt transposés en puce implantée sous notre peau et que nos yeux remplaceront les écrans de smartphone, il n’y a qu’un pas. Quant à la frénésie des foules pour les programmes de télé réalité, il n’y a que les ermites pour ignorer leur influence sur les foules à notre époque de starification du tout venant. La saison 1 se finit sur le concept d’intimité battu en brèche et là aussi, 5 ans plus tard, on ne peut nier que Black Mirror a tapé juste. Les saisons 2 et 3 ont du même acabit, précurseuses de notre beau présent technologique. A l’heure où les populations sont branchées sur le net 24h/24, étalant leurs vies privées au vu de tous et partagent chaque instant de leur existence, la conclusion est sans appel: Black Mirror fait peur en retranscrivant si bien ce que peut devenir notre société dans quelques années.

Une série ultra réaliste

Si la place de plus en plus prépondérante des technologies ne fait guère de doutes, la série se situe dans une recherche constante du réalisme le plus dépouillé. Les rues d’Angleterre se veulent aussi proches que possible de notre époque actuelle et les mentalités ne diffèrent pas des canons du début des années 2000 même quand elles sont parfois exagérément et sciemment poussées à l’extrême. C’est ce monde où les comportements sont jugés immédiatement, obligeant chacun à l’amabilité la plus inconfortable. Les lumières froides du Royaume Uni agrémentent certains épisodes d’une atmosphère oppressante, comme si le ton employé déjà effrayant en avait vraiment besoin! A la fin de chaque épisode, une maxime s’impose à l’esprit du spectateur. La plus simple humanité est le plus souvent mise à mal, obligeant à se poser la question de son propre comportement dans des circonstances similaires. Les héros de Black Mirror pourraient être n’importe lequel d’entre nous. Feriez vous mieux qu’eux dans des mêmes conditions?

Black Mirror est une série à découvrir absolument pour se faire peur et anticiper notre futur potentiel. Mais The Twilight Zone exagérait sur de nombreux points, il y a toujours l’espoir que Black Mirror en fasse également un peu trop. En tout cas, on peut toujours l’espérer…