Critique : Le traitement de la prison dans la création artistique a évidemment une fonction évocatrice sur la façon d’aborder une certaine politique. On y reviendra quand on parlera de la trilogie Damiano Damiani mais il y a évidemment quelque chose de passionnant symboliquement dans ce lieu d’enfermement physique et le sous-genre qui s’y tend. Ainsi, Alberto Rodriguez s’oriente vers le film de prison avec ce « Prison 77 » qui permet de mieux aborder une période politique compliquée pour l’Espagne. C’est ainsi que le rapport à la démocratie devient le cœur narratif d’un film passionnant dans son portrait d’époque et sa résonnance contemporaine.

On imagine ainsi que la fin d’un pouvoir dictatorial (ici, le franquisme) peut conduire immédiatement à une réorientation plus égalitaire mais l’Histoire nous a souvent prouvé le contraire. Ici, en suivant des prisonniers dotés d’un passé flou, le film aborde ces personnages aussi bien par leur individualité qu’en tant que collectif, une représentation d’une justice prompte à la réaction dans un aspect annihilateur de toute forme de respect. Les idées de séparation constante de personnages avec l’extérieur appuie alors une scission sociale alors même que les représentants légaux oublient leurs devoirs, et ce jusqu’à un dernier plan aussi simple que beau par sa signification réunificatrice.

Copyright 2023 PLAION PICTURES

Appel à une défense permanente de la démocratie, « Prison 77 » est pertinent dans un portrait social fort avec une résonnance puissante par les luttes constantes que connaissent nos représentants politiques. C’est un cri du cœur, empli de rage et de poésie, qui trouve son chemin par une écriture fine de ses protagonistes. Alberto Rodriguez parvient alors à perpétuer toute la symbolique thématique du film de prison avec une colère particulièrement importante.

Résumé : Espagne, 1977.à la fin du franquisme, le pays vit l’un des plus grands moments de liberté de son histoire. Mais le passage à la démocratie ne change rien dans les prisons. Le jeune comptable Manuel risque une peine de 6 à 8 ans pour détournement de fonds, une sanction disproportionnée par rapport au crime commis. Avec son compagnon de cellule, Pino, il s’associe au COPEL, un collectif qui lutte pour les droits des prisonniers de droit commun et demande l’amnistie. Commence alors une véritable révolution qui bouleversera le système carcéral espagnol. Inspiré de faits réels, ce thriller est un récit sur l’amitié, la solidarité et la liberté.