Alors que nous faisons de plus en plus face à des comédies opportunistes lourdingues et débilitantes, il est temps de rappeler la qualité des comédies françaises avec l’un de ses fleurons :  La cité de la peur .

Un tueur en série s’attaque aux projectionnistes du film  Red is dead . Son attachée de presse, Odile Deray, profite de ces meurtres pour créer de la publicité autour de ce piètre slasher alors qu’il va être diffusé au festival de Cannes, accompagnée de l’acteur principal assez simplet et d’un garde du corps maladroit.

L’humour du film va dans l’absurde pur, comme celui de l’équipe des Nuls. On a ainsi droit à des références en pagaille à la pop culture des années 90 comme  Terminator  ou  Point Break . L’absurdité se retrouve aussi dans certaines blagues de par leur aspect visuel (les énormes tasses de café), le décalage produit (la course-poursuite) ou bien leur répétition (l’assassinat des projectionnistes). C’est donc à une multitude de styles humoristiques auxquels on a droit dans le film, comme si toutes les situations comiques auxquelles pouvait mener l’intrigue avaient été exploitées totalement mais sans situation de « trop plein » ou de lourdeur.

Néanmoins, le récit humoristique est étoffé par la critique des médias qui y est ajoutée. En effet, au vu de l’extrait vu au début du film, on ne peut que se douter de la médiocrité de  Red is dead . Ce n’est donc pas par sa qualité qu’on le fait valoir, mais par les meurtres de projectionnistes, une raison purement en dehors de l’œuvre. Or, c’est une technique qui fonctionne au vu du tapage médiatique l’entourant. Les veuves se voient plus célébrées et mises en avant que Simon, l’acteur principal. L’important n’est donc pas d’être bon mais de faire parler de soi, ce qu’a largement compris Odile.

L’omniprésence des médias est donc difficile à nier. Il faut voir comment le commissaire Bialès se sort des questions des journalistes en offrant la même déclaration à chacun et en posant pour eux. Cela rajoute à l’humour mais également à l’épaisseur narrative du film. La communication est un jeu qui se joue à plusieurs participants et aucun de ceux-ci ne peut se valoir de ne pas connaitre les règles. L’important est de faire parler de soi, qu’importe la manière, et cela reste toujours actuel au vu des scandales de certaines célébrités qui ne cherchent que du  buzz , bon ou mauvais.

Outre être une comédie hilarante,  La cité de la peur  est un film abordant sans honte les affres de la médiatisation et des règles entourant celle-ci avec une forme d’absurdité pourtant réaliste. C’est peut-être ça qui manque aux « grosses » comédies françaises : une forme de reflet sur notre monde permettant une meilleure appréhension des personnages par le biais de thèmes ancrés dans notre société. Quand on arrive à faire cela avec humour, le message passe encore mieux et de manière intemporelle…