On l’oublie souvent mais la communication est au centre de notre société. Une mauvaise communication peut amener aux conflits et aux mauvaises décisions. Revenons donc sur un film mettant en avant cet aspect dangereux qu’est cet art difficile qu’est communiquer avec  Premier Contact .

Louise Banks est une experte en linguistique. Quand des extraterrestres débarquent sur notre planète, elle est engagée pour communiquer avec eux et savoir si leur but est pacifique ou belliqueux…

La place des langues

Les langues ont une place centrale dans notre monde. Elles relèvent d’un héritage culturel et selon celle utilisée, un mot peut cacher des significations multiples. Il faut donc maitriser celles-ci avec attention et précision. Malheureusement, nous sommes actuellement à une époque où l’on veut toutes les informations de manière rapide et concrète. Or, la vitesse de propagation de celles-ci ne permet pas une communication totalement fiable. Nous mettons donc en avant la rapidité, là où il vaudrait mieux privilégier la véracité. Le film le représente d’ailleurs avec les réactions de certains médias se jetant sur chaque parcelle d’information et l’interprétant (ce présentateur de radio rappelant certains propagateurs de « fake news » effrayantes). Croire qu’une chose peut être faite parfaitement dans un laps de temps extrêmement court n’est donc pas la meilleure chose qui soit.

Attention, ce paragraphe contient des spoilers sur le film. Il est recommandé de l’avoir vu avant de le lire. Si ce n’est pas le cas, passez au paragraphe suivant.

Le langage est également au centre du film par le biais du montage. En effet, c’est par ce biais que communique un réalisateur et par extension son œuvre et les personnages inclus dedans. Ici, le montage reprend la vision du temps des heptapodes pour mieux comprendre la vision qu’en a Louise, figure centrale du film à laquelle se rattachent les spectateurs, mais également ceux-ci une fois la révélation dévoilée. Le langage se voit donc placé au centre du film de manière intra diégétique de par son sujet et ses thématiques mais également de manière extra diégétique par ce biais. Denis Villeneuve se permet également d’autres trouvailles par le biais du montage, notamment lors de la première rencontre avec les heptapodes, coupée pour faire comprendre au public la frustration de l’héroïne au vu de l’échec de celle-ci. Quant à l’aspect de palindrome du film, on l’annonce par le prénom de la fille de Louise, Hannah, mais aussi dans la bande originale.

Point de vue Terre à Terre

L’intrigue aborde totalement les prémisses du synopsis de manière posée et « humaine ». Ne vous attendez donc pas à un film à la  Independance Day , où la destruction est privilégiée à la raison. Ici, le film est plus terre à terre, notamment dans son traitement géopolitique, montrant une nouvelle fois les dissocions culturelles entre différents pays impliqués dans « l’invasion ». Le traitement réservé aux extraterrestres relève ainsi également de différences dans les acquis et la transmission du savoir (l’utilisation du Mah-jong par le gouvernement chinois). Le traitement réservé à l’histoire prend donc place dans un univers réaliste, appuyé par la mise en scène de Denis Villeneuve. Il annonce d’ailleurs dans la scène de l’hélicoptère l’importance qu’a le langage mais aussi la difficulté de communiquer sans les bons outils (le casque et le micro) dans un environnement compliqué.

Une forte sensibilité se retrouve aussi, de par la mise en avant du personnage de Louise Banks, ce que l’on retrouve également dans l’interprétation d’Amy Adams.  Sans surjeu aucun, elle arrive à nous bouleverser par son histoire et ce qu’elle vit et vivra. En tant que point de repère dans l’histoire, elle permet une empathie forte entre le film et le public. Si certains se sont plaints de personnages secondaires mis de côté par rapport à elle, cela est pourtant logique d’un point de vue narratif. Il est donc normal que ces personnages secondaires le restent. Ils disposent néanmoins chacun d’interprètes convaincants pour croire en leur crédibilité.

Attention, ce paragraphe contient des spoilers sur le film. Il est recommandé de l’avoir vu avant de le lire. Si ce n’est pas le cas, passez au paragraphe suivant.

Certains ont également fait des remarques quant à la fin du film. Elle rentre pourtant encore dans une logique narrative et permet même un message doux amer sur l’existence humaine. En effet, Louise apprend le destin futur de sa fille Hannah et la douleur que cela engendrera mais malgré cela, pousse quand même à sa naissance. Par ce moyen, on peut comprendre qu’il faut profiter des personnes que nous aimons, étant donné notre statut d’êtres éphémères. Chaque seconde de notre vie est une seconde dont il faut profiter avec ceux qui comptent et c’est son aspect fuyant qui rend notre existence plus belle encore.

 Au final, « Premier Contact » est une œuvre sensible sur divers sujets mais surtout sur l’humanité et tout ce qui s’y rattache. C’est le genre de film qui mériterait tellement d’être plus mis en avant par rapport à certains produits mercantiles sans vie. Quand notre humanité, dans son aspect le plus imparfait mais aussi le plus sensible et le plus doux, est aussi bien représentée, cela nous offre quelque chose d’intimiste et grandiose à la fois, quelque chose d’humain, en sorte…