Quand on parle de film politique, certains n’y voient que longueurs et ruminations ennuyeuses. C’est un style cinématographique en soi, pas du genre à soulever les foules et pourtant… Les films politiques sont souvent l’occasion de belles mises en abîme confrontant les belles intentions politiciennes face au toujours difficile principe de réalité. Avec l’évidence d’un fossé entre les promesses et l’action. Le cinéma abonde en exemples révélateurs d’une critique en filigrane de ce qui s’apparente top souvent à une hypocrisie politicienne entre hypocrisie et cynisme. Pour ceux qui veulent creuser ce sillon, je vous propose une liste de quelques films à découvrir, de chez nous ou d’ailleurs et qui tanguent entre hommages aux grandes figures historiques et critiques d’actions plus égoïstes que vraiment bienveillantes. Tout l’art des réalisateurs se résume à ne pas tomber dans un versant binaire un peu facile pour préférer garder la tête froide et ne pas caricaturer à outrance. Le biopic est une bonne manière de charger la barque, jusqu’à parfois tomber dans l’excès, ce qui arrive parfois, mais fort heureusement pas toujours. Quant aux interprétations, il faut du talent pour personnifier des crapules ou des exemples pour tous. Revue de détail avec 10 exemples révélateurs.

Lincoln, un biopic porté par son acteur principal.

Dans ce film de Steven Spielberg, Daniel Day-Lewis est Lincoln jusqu’à ses intonations et ses manières. L’acteur livre un grand numéro jusqu’à devenir presque méconnaissable. L’intransigeance du personnage est rendue palpable à travers une douceur constante et un ton de parole toujours bas. Pour bien montrer qu’il n’est pas nécessaire de hurler pour se faire entendre. Cette invocation du temps pas si éloigné du XIXe siècle raisonne d’une troublante actualité. Hommage au grand président assassiné et résonnance avec notre époque, bien joué Steven.

Adults in the room, le capitalisme sans pitié

Adults in the room est un film éminemment politique, plongeant le spectateur dans les arcanes romancées de négociations tortueuses entre le gouvernement grec et les institutions internationales au plus fort de la crise grecques en 2015. Costa-Gavras livre une critique en règle des forces de l’argent face aux tourments d’une population laissée à l’abandon. Ce film politique démontre une fois de plus que les intentions sont souvent bien minces face au principe de réalité…

L’exercice de l’état, le théâtre de la politique

L’exercice de l’état laisse le beau rôle à un duo d’acteurs au sommet. Le ministre Olivier Gourmet et son directeur de cabinet Michel Blanc donnent parfois l’impression de ramer à contre courant, révélant que les plus utiles ne sont pas toujours les plus visibles. Jusqu’à se demander à quoi servent tous ces grands commis de l’état qui ne recherchent que la lumière plutôt que de se remonter les manches pour de bon…

Vice, un biopic à charge

Vice, affiche

Christian Bale incarne un Dick Cheney qui ne connait qu’un seul intérêt, le sien. Vice est un film qui caricature le personnel politique, les transformant en marionnettistes sans scrupules, ne laissant subsister à aucun instant l’idée d’un intérêt général. Le film en fait peut-être un peu trop dans la critique, reste l’interprétation vertigineuse de l’acteur principal Christian Bale, parfait comme toujours.

Quai d’Orsay, la politique pour rire

Adapté de la BD du même nom, Quai d’Orsay choisit le versant de l’humour pour gravir la montagne de la politique. Thierry Lhermitte interprète un ministre rappelant furieusement Dominique de Villepin et en fait beaucoup pour transformer l’original en véritable acteur de cinéma, constamment en représentation et sans limites. Une bonne comédie pour rire de nos dirigeants.

Il Divo, le diable est italien

Paolo Sorrentino brosse le portrait de Giulio Andreotti, personnage politique omniprésent de la politique italienne pendant presque 40 ans. Plusieurs fois premier ministre, il est interprété par un imperturbable Toni Servillo pour bien faire ressortir la complexité du personnage. Allusions mafieuses, collusions criminelles, rien n’est épargné au spectateur.

No, la politique comme enjeu médiatique

No est un film chilien montrant les efforts réalisés par une équipe de communicants pour mettre fin au pouvoir du président Pinochet avec une question simple:
souhaitez-vous le maintien de Pinochet au pouvoir pour les 8 années à venir? Le personnage était puissant et indéboulonnable mais il est parti. Tout est expliqué par le menu pour une belle leçon de manipulation politique.

https://www.youtube.com/watch?v=lOeiw_BJPas

L’aveu, souvenir d’un communisme pas si éloigné

L’aveu est un classique, également de Costa-Gavras avec un Yves Montand très impliqué. Il interprète un haut responsable tchécoslovaque que le pouvoir en place tente de faire accuser d’espionnage, jusqu’à tout faire pour le casser psychologiquement. Le film est glaçant et rien n’est épargné au spectateur. Ni les tortures ni l’humiliation. Jusqu’à se poser une question: c’était si bien que ça le communisme?

Dr Folamour, comédie ou pas?

Stanley Kubrick tourne en dérision les errements des dirigeants américains et soviétiques avec un humour que l’on ne lui connait que peu. Tandis qu’un Général frapadingue lâche ses bombardiers sur l’Union Soviétique, le président américain tente de calmer son homologue russe. Grand numéro d’acteur de Peter Sellers qui interprète pas moins de 3 personnages. Et une question, la politique, est-ce donc si sérieux que ça?

Frost / Nixon, un débat pour l’histoire

Quand le journaliste anglais David Frost réussit à obtenir l’interview de l’ancien président démissionnaire Richard Nixon, peu pensent qu’il obtiendra ses confessions. Le réalisateur Ron Howard transforme le film en un duel guerrier qui tient en haleine tout du long. Une belle leçon de politique, car ceux qui s’adonnent à cette occupation aiment parler, il faut donc les laisser parler pour obtenir ce qu’on veut…