Chronique : N’en déplaise aux grincheux réguliers, le cinéma d’animation n’est pas un genre mais un format, permettant de développer autant de narrations possibles qu’un format live. Si l’on cantonne de nombreux titres à un public enfantin, ce serait oublier les longs-métrages qui ont su user de cet outil visuel pour développer des histoires matures à ne pas montrer aux plus jeunes. C’est clairement le cas de cet « Unicorn Wars », aux traits aussi colorés que le ton est d’une noirceur sans nom. Mêlant à ses visuels de cartoon bisounoursesque un récit de guerre nihiliste, le film est autant une claque dans son animation qu’une expérience douloureuse dans sa narration.

Oppositions de fin

Ainsi, l’idée de partir d’un conflit aux relents religieux s’avère passionnant. Le traitement va plus loin encore, jouant d’un format tragique en opposant deux jumeaux aux aspirations différentes. La violence tonale va alors s’appuyer de graphiques nettement macabres, loin d’aller dans le trash hilare d’un « Happy tree friends ». Ici, la colorimétrie s’assombrit de plus en plus que se dessine la fin d’un monde dans ce qui va se développer en conflit fraternel. En renforçant l’idée d’oppositions (entre parents, frères, clans et autres groupes), le film va dans une scission d’un monde qui ne peut que se diriger vers sa fin. Le dernier plan renforce cette idée et va même dans une tristesse ambiante quasi fataliste, alors même que la dernière part d’espoir en nous croyait encore à une résolution.

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C’est que nous nous sommes trompés de film car « Unicorn Wars » est une proposition nourrie par le désespoir et une fin inexorable des temps. Tout y est d’une noirceur quasi désespérante, à l’exception de visuels où ressort pourtant peu à peu la cruauté d’un monde qui brûle. La beauté et l’amour n’ont guère plus de place, seules restent les horreurs des guerres et des violences constantes. À la fin, il ne reste plus rien et c’est en étant épouvanté de la monstruosité du monde qu’on sort de ce très bon film d’animation, qu’on ne recommandera évidemment pas aux personnes les plus sensibles…

Résumé : En ces contrées reculées, Oursons et Licornes sont en guerre depuis toujours. Le soldat Célestin a soif du sang des Licornes, gage d’une beauté éternelle, selon le Grand Livre Sacré. Son frère Dodu, lui, n’aime pas la guerre, il préfère les myrtilles et les câlins. Mais la bataille finale approche : une unité d’oursons inexpérimentés quitte le camp d’entraînement pour une mission commando dans la Forêt Magique. Seront-ils à la hauteur ?