Première chose, éluder le débat stérile du moment autour du film: Vaincre ou mourir contient des qualités véritablement cinématographiques autant qu’historiques avec cette chronique d’hommes de conviction, ce combat pour les idées et sa mise en scène directe et évidente. En cela, le film est bien meilleur que beaucoup d’autres films français stériles et inutiles, uniquement portés par leurs stars sans talent uniquement subventionnées par le système. Peut-être faut il avoir un gout prononcé pour la grande histoire mais cela n’enlève rien à la porté du film, touchant, émouvant, relique d’un passé plus trop à la mode dans certains milieux amnésiques.

La guerre de Vendée en vrai

Le film se concentre sur une toute petite période, la guerre de Vendée entre 1793 et 1796, rare guerre civile en France post-révolution de 1789 où les royalistes s’opposèrent aux troupes républicaines. En cause, l’arrêt de la liberté religieuse, la conscription pour le front de l’est et l’ingérence dans les affaires locales. Mal organisés et sans moyens matériels, les vendéens se choisissent un chef issu de la marine royale, François Athanase Charette de La Contrie, dit Charette. Le combat est sanglant et les exactions ont cours, la période de la Terreur a entrainé plus d’un méfait sanglant que certains assimilent à l’excès à un génocide. Les péripéties abondent dans un scénario où les retournements s’enchainent, fausses promesses, compromis inacceptables, victoires sans lendemain. Le film suit le parcours du meneur malgré lui, Charette, d’abord réticent à s’engager dans la lutte et finalement devenu un des plus intransigeants. Les scènes très réalistes alternent avec des scénographies issues de l’esprit du meneur ancien officier de marine, s’imaginant pris en tenaille entre l’honneur et la raison d’état. Les phrases puissantes agrémentent le film pour une vraie profondeur de sentiments: la terre n’engloutit pas les morts; dans ma famille, on paie avec du sang depuis des siècles. On doit s’en acquitter avec panache. Je veux être l’homme du panache. Pas de scènes faciles, les morts s’enchainent dans une description forcément romancée des faits, cinéma oblige. Pas un film pour les plus jeunes, sans violence forcément frontale avec des sonorités évocatrices de corps déchiquetés ou noyés. Mais pas à l’excès, mettant à mal les accusations de prise de parti engendrées par un financement local, notamment du département de Vendée et du Puy du fou. Le casting est à la hauteur, avec des vraies tronches de cinéma et un Jean-Hugues Anglade qui fait un peu plus qu’une apparition remarquée. Le récit dure 1h40 sans temps mort et avec un vrai rythme fait d’élusions et de raccourcis mais sans perdre la portée du propos. L’histoire se suit avec les images mais aussi avec la voix off du héros pour une impression dramatique décuplée.

Le film évoque à peine le mot chouannerie pour se concentrer sur le destin d’un homme trahi par tous, immigrés royalistes fourbes en Angleterre comme républicains sans vergogne. La reconstitution historique est à la hauteur de bocage vendéen, fidèle et réaliste. Entendre tant de fois les mots honneur, dignité et devoir dans un film, voilà de quoi faire plaisir dans une époque qui manque tant de la compréhension de ces termes. Le film a été mal reçu par la critique, ce n’est pas vraiment à leur honneur tant le film regorge de qualités.

Synopsis: 1793. Voilà trois ans que Charette, ancien officier de la Marine Royale, s’est retiré́ chez lui en Vendée. Dans le pays, la colère des paysans gronde : ils font appel au jeune retraité pour prendre le commandement de la rébellion. En quelques mois, le marin désœuvré devient un chef charismatique et un fin stratège, entraînant à sa suite paysans, déserteurs, femmes, vieillards et enfants, dont il fait une armée redoutable car insaisissable. Le combat pour la liberté ne fait que commencer…