Si le rythme des sorties marquantes va en se calmant en cette rentrée 2016, je tiens à souligner 2 films qu’il faut absolument, absolument, absolument voir au cinéma. Pas les plus gros résultat au box-office français, au contraire, et pourtant… parmi tous les films sympas identifiés, ces deux là sortent du lot. Clairement. Je parle évidemment de Nocturama et d’Eternité. Passés inaperçus et très peu soutenus par une presse cinéma aveugle et sourde, je vais essayer de vous donner envie de les rattraper.

Nocturama, un film choc passionnant

nocturama-2J’ai déjà expliqué en long, en large et en travers ce que je pense de ce film dans un long article publié sur Publik’Art. Je peux ajouter que ce film est d’une troublante actualité. Si beaucoup penseront que l’histoire de jeunes gens posant des bombes dans Paris tombe particulièrement mal, j’ajouterai que ce film ne parle pas de menace islamiste et des raccourcis allègrement exploités par les médias. Le film parle d’une jeunesse qui s’inscrit dans la lignée anarchiste du XIXe siècle. Enfantés par une société de consommation incapable de s’élever et d’élever la population, ils se décident à agir pour remuer les esprits et créer une prise de conscience. Si l’objectif n’est pas de s’en prendre à des innocents, une telle ambition ne se fait pas sans victimes collatérales. Et la sanction est immédiate. Le gouvernement châtiera cette bande d’illuminés pour en faire un exemple. Le ton suivi par le film bascule de l’action aveugle à la prise de conscience. Des intellectuels de gauche à une jeunesse de banlieue désoeuvrée, le film brasse large et tente la thèse sociétale.

Les jeunes acteurs sont tous épatants et interprètent à leur manière le malaise de la jeunesse. Bertrand Bonello les imprègne de doutes et  d’indécision pour les garder humains et forcément fragiles. Poser des bombes n’est pas chose aisée, passer à l’action demande soit du caractère, soit de la folie, soit de l’inconscience. Les 2 heures de film fascinent et le réalisateur agrémente le récit d’accessoires sonores et visuels qui ajoutent à la densité du film. La quête du début pour réaliser les méfaits, les flashbacks éclairants, la traque et l’attente, le film alterne entre action et introspection dans une mise en perspective qui ne peut qu’interpeller.

5000 entrées pour ce film, c’est vraiment injuste…

Quoi? L’éternité

eternite-zLà aussi, papier publié sur Publik’Art. Le film de Tran Anh Hung est un enchantement. Plusieurs générations de femmes sont suivies avec une économie de dialogues et une omniprésente bande son au piano. Bach, Chopin, Debussy et Ravel métaphorisent l’émotion dégagée par les actrices.  Audrey Tautou, Mélanie Laurent et Bérénice Bejo évoluent en toute liberté dans des images de toute beauté et une forme éblouissante. Si l’éternité tient à cet éternel recommencement du cycle de la vie, les existences sont fugaces et fugitives. Les mères couvent leurs enfants, pleurent leurs disparitions mais ne cessent de rayonner. Les vies sont brèves mais les sentiments sont éternels. Actrices et acteurs rayonnent dans cette fable étalée de la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours et l’adaptation du roman  L’élégance des veuves d’Alice Ferney accumule les scènes de toute beauté

2 heures en apesanteur, voilà ce que propose ce film. Pas beaucoup d’action, beaucoup d’ellipses et d’évanescence mais un sentiment final unanime entre moi et ma collaboratrice: magique. Ce film est magique.

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Voilà, deux films à voir absolument. Oubliez Jason Statham ou Sophie Marceau, et tentez ces 2 expériences inoubliables!