Comme tout nouveau film de Martin Scorsese, l’attente est longue et quand la lumière s’éteint dans la salle, tout est possible, surtout le meilleur. Mais le matin après une séance finie à 23h40, après plus de 3h20 de film, le constat est amer. Killers of the Flower Moon n’est pas un film qu’on a envie de revoir, pas une scène n’a laissé un souvenir mémorable dans l’esprit du spectateur, totu est cousu de fil blanc, sans vraie portée tragique. Ce qui reste, c’est la longueur du film, le faciès étrange de Léonardo di Caprio et la sensation que cette histoire de crime et de racisme au début du XXe siècle aux Etats-Unis coche toutes les cases du film consensuel et donc sans véritable prise de risques.

Un film à oublier?

Cette adaptation d’un livre de l’écrivain David Grann paru en 2017 met au centre de la narration le peuple indien Osage, peuple qui a dû quitter ses terres originelles situées dans les vallées de l’Ohio et du Mississippi pour les États du Kansas et du Missouri jusqu’à finalement s’installer (sur ordre du gouvernement américain qui l’oblige à l’acheter) sur une terre dite indienne encore plus à l’Ouest, en Oklahoma. La découverte de pétrole sur le territoire Osage, en 1894 transforme les Osages en population extrêmement riche, donc vulnérable face à la cupidité de leurs voisins blancs cherchant à profiter d’eux. C’est en 1925 que le FBI lance une enquête à la demande du peuple Osage. C’est l’une des premières affaires criminelles que traite le Bureau dirigé par J. Edgar Hoover. Car le nombre de disparitions mystérieuses chez les Osages a mis la puce à l’oreille des enquêteurs. Financé en partie par Apple Studios, le film sort en salle grâce au lobbying de Paramount qui a permis de distribuer le film dans les salles obscures. Au rendez-vous, 2 acteurs fétiches de Martin Scorsese. Robert de Niro en faux ami vicieux des Osages qui n’en veut finalement qu’à leur argent quitte à apprendre leur langue pour mieux les endormir et les berner (9e apparition dans un film du réalisateur) et Léonardo di Caprio en neveu servile du méchant (5e apparition). Présenté comme un western, le film ressemble surtout à un film de mafia avec le parrain (respectueusement appelé « King » par ses sbires) à qui tout est du et que tout le monde respecte. Malin, impénétrable, traitre, vicieux, entre la parodie et le fantasque. Le film a été présenté au Festival de Cannes 2023 et la presse a rapidement salué le film. Sans pour autant mentionner sa longueur excessive. Si le film s’inspire d’une histoire vraie, il n’est au final qu’une description d’un énième crime perpétré aux Etats-Unis contre les populations indiennes, et il y en a eu beaucoup. Pas de crimes directs ici, juste des mariages arrangés entre des femmes amérindiennes et des profiteurs qui tentent de se procurer les lucratifs droits payés aux Amérindiens pour l’utilisation de leurs terres, servant à l’exploitation du pétrole. Dans ce film, beaucoup d’acteurs sont de véritables descendants d’indiens pour un réalisme accru. Le nœud principal de l’intrigue tient d’ailleurs à la relation entre Ernest (Léonardo di Caprio) et son épouse indienne Mollie (Lily Gladstone). Mariage qu’il croit être d’amour alors que sans le savoir, il sert surtout les intérêts d’un King cachant soigneusement son jeu et ses intentions scélérates.

Le traitement du film ne rend pas forcément justice aux intentions du réalisateur. Nombreuses longueurs, faux rythme, acteurs aux faciès déformés, difficile de voir une vraie subtilité dans un traitement binaire avec des méchants aux têtes de méchants un peu trop reconnaissables… A voir surtout sur Apple TV quand il y sortira afin de pouvoir faire des pauses…

Synopsis: Au début du XXème siècle, le pétrole a apporté la fortune au peuple Osage qui, du jour au lendemain, est devenu l’un des plus riches du monde. La richesse de ces Amérindiens attire aussitôt la convoitise de Blancs peu recommandables qui intriguent, soutirent et volent autant d’argent Osage que possible avant de recourir au meurtre…