Présenté en ouverture à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2023, Le Procès Goldman commence avec des vrais airs de film d’époque, avec un grain d’image volontairement daté, des coupes de cheveu seventies et un contexte bien loin de celui d’aujourd’hui… ou pas. Un braqueur est accusé du meurtre de 2 pharmaciennes, il nie, il est charismatique, il avoue tous les braquages mais pas les meurtres. Le film de procès tombe dans toutes les chausse trappes du genre, les jeunes s’en mêlent en perturbant le procès pour faire acquitter leur héros, les avocats se battent à fleuret moucheté, véritable parodie de justice, le film en dit pourtant très long sur notre société. D’où son côté très irritant mais aussi sa capacité à nous interroger.

L’histoire vraie d’un braqueur juif et anarchiste

Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Simone Signoret et Régis Debray ont soutenu Pierre Goldman, préfigurant la place tenue aujourd’hui par une gauche intellectuelle légèrement très hypocrite. Braqueur condamné en première instance, Goldman a publié un livre au succès retentissant le rangeant dans la catégorie si enviée des intellectuels de gauche. Condamné à la réclusion criminelle pour ses braquages, il bénéficie d’un procès aux assises qui le verra condamné à 12 ans de réclusion mais tout en étant blanchi des 2 crimes qui lui sont d’abord reprochés. Né en 1944, Pierre Goldman est le demi-frère de l’autre, Jean-Jacques, mais surtout une figure publique. Tout autre bandit non médiatisé aurait été condamné sans grand retentissement public, mais lui fait figure d’insoumis, il enflamme la jeunesse, il n’est plus un criminel mais un héros. 4 braquages à main armée dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes, et il devient un héros, il en faut peu… Alors les grands mots fusent pendant le procès, antisémitisme, racisme, jusqu’à transformer le terrain judiciaire en cirque à grand spectacle. Loin de critiquer cet état de fait, le film fait plutôt l’apologie de ce guignol qui a été combattre au Nicaragua et se targue d’être un homme non consensuel. La vérité n’éclatera jamais, l’homme est mort 3 ans après sa libération anticipée sans que sa mort ne soit jamais élucidée, beau gâchis? Ulysse Dutilloy-Liégeois interprète un JJG jeunot et pas encore star des jeunes, une autre actrice incarne une Simone Signoret présente lors du procès et des jeunes freluquets perturbent fréquemment les débats. Quant aux avocats, ils se livrent à une parodie de justice avec des plaidoiries drôles à en pleurer. Si la justice est tombée si bas, il n’y a pas vraiment de quoi être surpris par l’état de notre société, constat qui rend le film assez intéressant. Réalisme extrême, tension constante, tout ça pour un enjeu ridicule, 2 femmes tuées, après tout, il y a de quoi trouver les débats bien ridicules face à ce constat, la conscience de gauche vaut bien des sacrifices… risible, vraiment?

Le rôle de Pierre Goldman est tenu par un Ariel Worthalter qui ressemble comme 2 gouttes d’eau à Jean-Pierre Bacri. Mêmes intonations, mêmes expressions, de quoi rendre le film encore plus caricatural. La gauche extrême a encore de beaux jours devant elle si on en croit le verdict final. De quoi en rire, ou en pleurer?

Synopsis:
En avril 1976, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.