Le cinéma peut aller très loin, trop disent même certains. Sans concession, frontal, voire impitoyable, le film scandaleux fait la une des journaux et ulcère les biens pensants. A juste titre? Je ne jugerai pas la qualité des films que je vais citer (enfin, un peu quand même), je rappelle juste qu’ils ont choqué l’opinion et fait vendre du papier. A tort ou à raison. Beaucoup de films pour adultes, forcément, dérangeants, hors des clous. Les intentions sont louables, on parle d’art, pas de sujet de société ou de loi votée à l’assemblée. Je suis pour les films choquants, même si je ne les ai pas tous vus…

La grande bouffe

La grande bouffe 2

Une bande d’amis décide de se suicider à force de nourriture, de plaisirs et de luxure. Une belle bande d’acteurs parade devant la caméra de Marco Ferreri: Michel Piccoli, Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Philippe Noiret. Juste des acteurs mythiques, habitués des rôles de beaux gosses classes et chics qui se lancent dans un marathon de la bouffe déroutant et dérangeant. Présenté à Cannes lors de l’édition 1973, le film a bousculé la Croisette et laissé son empreinte dans l’inconscient collectif. Quand la décadence mine l’idéal capitaliste de consommation jusqu’à le détruire, le sujet fait réfléchir… peut on imaginer consommer jusqu’à en mourir? Les débats actuels sur la pollution nous le rappellent de plus en plus..

Irréversible

Irréservsible

Irréversible a également fait scandale sur la Croisette. Gaspar Noé fait subir l’enfer le plus noir à Monica Bellucci pendant une longue scène putride et insoutenable. La scène de viol est un sommet de cinéma injustifiable. Ai-je envie d’aller au cinéma pour voir une femme se faire martyriser de la sorte? Je ne cautionne ni la performance artistique ni l’intention. Je n’ai juste pas envie de voir ça, c’est trop cruel et nauséabond. Ma nature sensible me fait naturellement tourner la tête car voir le monde d’une manière aussi noire me révulse. Au moins autant que beaucoup de spectateurs du film. Carton rouge personnel, et c’est rare…

Salo ou les 120 jours de Sodome

Salo

Adapter un roman du divin marquis (de Sade) sans fard ni compromis, c’est s’exposer automatiquement à la censure. Car les sévices infligés à quelques jeunes adolescents italiens retenus prisonniers par des meneurs décadents au bord de la disparition sont proprement insoutenables. Tandis que l’Italie fasciste vit ses dernières heures, 4 leaders sans scrupules s’en donnent à coeur joie… Pasolini est connu pour son jusque boutisme, il le démontre une fois de plus et adapte mot pour mot les écrits de Sade. Le résultat est donc évidemment sadique… voire insupportable. Le scandale bousculera le réalisateur, lui qui disparaitra peut à peu dans des circonstances non encore élucidées… un grand penseur nous quittait.

Et Dieu créa la femme

Et Dieu créa la femme

Quand Roger Vadim lance Brigitte Bardot dans l’arène en 1956, il ne sait pas encore qu’il va créer un mythe. Femme libre, insoumise, capricieuse, frivole, il l’impose aux yeux de Cürd Jurgens et de Jean-Louis Trintignant, tous deux ensorcelés par la beauté du diable. On en ferait pas tout un fromage aujourd’hui, mais en cette fin des années 50, le film fait l’effet d’une bombe. Premier film érotique de l’ère moderne, il orientera tous les films à venir. Liberté et insoumission seront dorénavant des lois intangibles, portées par la belle Bardot découverte par le monde entier. La scène de Mambo est toujours un must de fascination… Ah, quelle révolution!

Dernier Tango à Paris

Denier Tango à Paris

Prenez Marlon Brando, changez le en ours hirsute dégouté de la vie et mettez le lui une jeune Maria Schneider dans les pattes. Vous obtenez un chef d’oeuvre de Bertolucci à la perversité retorse. Car le pygmalion violent et déroutant se laisse ensorceler par sa protégée, jusqu’au drame. Le film est plus intellectuel que vraiment scandaleux. On a beaucoup parlé d’une certaine motte de beurre et des violences subies par l’actrice, de quoi faire naviguer le film sur les eaux troubles du scandale. Le résultat est surtout passionnant. Et puis les rues parisiennes ont rarement été aussi bien filmées, surtout quand un Jean-Pierre Léaud apparait à l’occasion.