C’est peu dire que Corsage est une anomalie cinématographique. Faux film historique, il plonge dans l’année 1878 et suit les pérégrinations d’une Sissi new age, impératrice pourrie gâtée en plein burn out. A ses côtés, l’empereur François Joseph fait grise mine, les singularités se multiplient ce qui n’empêche pas une ambiance angélique de s’installer.

Une Sissi en plein seum

Sissi fume, elle est héroïnomane, elle se coupe les cheveux, elle est anorexique, elle n’en fait qu’à sa tête, elle multiplie les frasques, elle se voue au plaisir solitaire, on est loin de la version bisounours avec Romy Schneider sortie en 1956. Certains y verront une féministe avant l’heure, d’autres une tête à claques qui n’en fait qu’à sa tête. Durant les presque 2 heures du film, elle s’oppose à son mari, à son fils, à sa fille, à sa sœur, elle fait fi des ragots qui courent sur son compte, Vienne ressemble à un monde clos plein de persifleurs, d’où ses multiples départs pour fuir un environnement toxique. Finnegan Oldfield fait une apparition en précurseur du cinématographe avec une saillante boucle d’oreille. As tears go by de Marianne Faitfull est joué à la harpe, les robes ressemblent à des tenues de cowboy, il est amusant de compter les anachronismes, tout le film n’y suffit pas. L’excuse du féminisme est curieuse quand on connait l’univers viennois corseté de la deuxième moitié du XIXe siècle, il est aujourd’hui de bon ton de revisiter l’histoire et de mettre en avant les supposées vexations vécues par les femmes d’antan. Cette revisite historique est une curiosité, fantasque mais pas inintéressante. A quand Grace de Monaco transgenre et Elisabeth II LGBT? Le cinéma peine à inventer des héroïnes modernes donc des figues historiques sont prises pour cible, c’est un choix audacieux, mais pas forcément pertinent pour ceux qui aiment l’histoire et tiquent sur les relectures certes audacieuses mais à la limite du dérisoire.

Le film a été présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022, où Vicky Krieps a obtenu le Prix de la meilleure performance, elle est à l’origine du projet avec son intérêt pour le corsetage en règle de la souveraine. Une vraie expérience cinématographique.

Synopsis:
Noël 1877, Élisabeth d’Autriche (Sissi), fête son 40e anniversaire. Première dame d’Autriche, femme de l’Empereur François-Joseph Ier, elle n’a pas le droit de s’exprimer et doit rester à jamais la belle et jeune impératrice. Pour satisfaire ces attentes, elle se plie à un régime rigoureux de jeûne, d’exercices, de coiffure et de mesure quotidienne de sa taille. Étouffée par ces conventions, avide de savoir et de vie, Élisabeth se rebelle de plus en plus contre cette image.