La réalisatrice polonaise Agnieszka Holland est de retour après un L’ombre de Staline très remarqué. Elle continue à analyser un régime communiste liberticide et rétrograde, cette fois en Tchécoslovaquie pour montrer comment une population abandonnée par les autorités doit s’en remettre à la science d’un herboriste pour se soigner dans des conditions acceptables. Le personnage joué par Ivan Trojan n’est pas sympathique, il est même ambigu et enfermé dans une pensée toute personnelle. Le film est dénué d’effets inutiles, il se concentre sur une époque et un homme condamné par un système en voie de délitement.

La radiographie d’un homme et d’un système

Agnieszka Holland montre bien comment un système quasiment carcéral ne peut survivre qu’avec des expédients et des bouts de ficelle. C’est ici un herboriste nommé Jan Mikolášek qui officie chaque jour comme un forçat pour soigner la population, c’est sa passion et sa raison de vivre. Il emploie un assistant avec qui les relations se font de moins en moins professionnelles alors que l’étau commence à se resserrer autour de lui. Des flashbacks montre son apprentissage auprès d’une vieille guérisseuse détentrice des secrets insoupçonnés des plantes pour soigner tous les maux de la vie. Le film est gris comme une époque communiste dans un quotidien aride dénué de raisons de connaitre la joie. A son niveau, l’herboriste mène une résistance silencieuse contre le système, soignant secrètement les dignitaires pour s’assurer une protection inconnue de tous. Le film mène une étude de caractère, taciturne en dehors mais non pas dénués de désirs dans le dedans. Un mariage de convention, une vie professionnelle réussie, le simulacre suffit pour faire taire les ragots mais n’ont aucun effet contre la haine d’un système qui voit en lui une menace contre son fragile équilibre. Car il sait des choses ignorées de tous, y compris la médecine d’état, ça suffit à le faire emprisonner pour un procès à la portée retentissante. Le cheminement du scénario mène à une impasse existentielle, une vie dénuée de sens, sans enfants, sans rien construire au-delà d’apparences qui ne suffisent pas à se construite une existence réussie. Le résultat est d’une tristesse infinie avec des amours cachés et l’immobilité philosophique d’un personnage besogneux mais non point doté de génie.

Le scénario du film et son cheminement sont marqués par des éclairs de violence qui tranchent avec la langueur de la narration. Le personnage est renfermé, le système n’est pas vraiment ouvert, tout pour aboutir à un film intéressant mais terriblement anxiogène.

Synopsis: Dès son plus jeune âge, Jan Mikolášek se passionne pour les plantes et leurs vertus médicinales. Il devient l’un des plus grands guérisseurs de son époque. Dans la tourmente de la guerre et des crises du XXe siècle, il consacre sa vie à soigner sans distinction les riches comme les pauvres, les Allemands nazis sous l’Occupation comme les fonctionnaires communistes d’après-guerre. Sa popularité finira par irriter les pouvoirs politiques. Accusé de charlatanisme, Mikolášek doit alors prouver le bien-fondé de sa science lors de son