Programmer une saison de festival, c’est un immense dilemme. Il faut choisir où aller, avec qui, trouver une programmation adaptée, une durée convenable et tout faire rentrer dans un certain budget.

Une des propositions les plus attractives sur le papier pour le cru -très chargé!- 2019 était sans aucun doute l’Insane Festival. La proposition se destinait aux amateurs de musiques électroniques plutôt hard, dans le sud de la France. Avec une édition qui a duré 24 heures non-stop, seuls les plus aguerris pouvaient la vivre pleinement.

Retour sur un festival qui est passé à quelques pas du souvenir parfait.

Des festivités prometteuses

De par la campagne de promotion et les nombreux atouts que proposait l’Insane, tout laissait à penser que le 10 août serait un jour de grande fête pour la ville d’Apt, proche d’Aix-En-Provence. Pour rappel, la programmation réunissait de grands noms de la scène trance ( Vini Vici, Technical Hitch… ) ainsi qu’une scène hardcore réunissant des B2B inédits et survoltés. A tout ceci s’ajoutait une ribambelle de pointures de la techno tel Marcel Dettman, Ricardo Villalobos ou encore Boston 168.

Vue depuis la foule de la scène trance

Ce festival nous ayant habitué à des shows impressionnants comme en témoignent les aftermovies, les scènes promettaient également d’être sublimement décorées. Canopées, décorations à thèmes et même secret stages étaient de la partie pour cette année!

L’histoire entre les autorités et les événements électroniques est un sujet très sensible en France, pourtant, l’équipe derrière l’Insane semblait bien gérer cette édition, prévoyant même un large confort du festivalier ( décoration au sein du festival, points d’eau… ).

En bref, tout était pensé pour proposer une véritable expérience inoubliable!

Un Insane de qualité mais perfectible

Bien que cette édition ait fait couler de nombreux litres d’encres, la majorité des promesses étaient tenues. Il est important de rappeler que nous venons tout d’abord pour une expérience sonore. Sur ce point, nous ne pouvons que féliciter les organisateurs, les trois scènes principales diffusaient un son dans l’ensemble bien réglé, même si la scène techno aurait gagné à pousser un peu plus sur les décibels.

L’autre avantage indiscutable était également la qualité des set proposés par les artistes invités. Parce qu’un artiste se sent dans son élément, serein, le public le ressentira grandement dans la prestation proposée. Et pour le coup, que ce soit sur la scène trance avec un Technical Hitch survolté, une minimale majestueusement proposée par Ricardo ou l’explosif set de The Satan vs Detest vs Edub, les artistes on su régaler un public français friand de genres alternatifs.

Si le plus important pour un festival était bel et bien au rendez-vous, quelques points négatifs sont à noter. Ce ne sont que des remarques et malheureusement, certaines n’étaient pas de la faute du festival mais bien d’agents extérieurs…

Tout d’abord, l’organisation aurait pu être un poil meilleure. Les bénévoles et organisateurs rencontrés jusqu’à l’espace presse semblaient désespérés et aller de problèmes en problèmes, retardant un petit peu notre entrée sur le festival, mais rien de très dérangeant au final. Les bars auraient gagnés à être plus nombreux, tout comme les toilettes pour les filles. Les hommes pouvaient se soulager facilement grâces aux systèmes écologiques mis en grand nombre. Il aurait été également préférable de trouver un système pour rapprocher le parking ou du moins, éclairer le chemin jusqu’à l’entrée.

Cette organisation n’était pas à jeter entièrement, le système de bracelet et de sorties illimité était très appréciable. De même, il ne semblait pas y avoir d’attente au niveau du retrait des bracelets. La gestion de l’argent semblait elle aussi bien pensée avec le système -qui tend à se démocratiser- cashless, pouvant être rechargé à l’avance sur une carte.

Image issue de la page Facebook Insane

Le gros point noir de cette édition était probablement la timetable. Il semble problématique de proposer une vaste programmation étendue sur 24 heures et de mettre toutes les têtes d’affiche, trance notemment durant les six dernières heures lorsque nous savons très bien qu’une quantité de personnes vient passer la nuit au festival pour repartir le lendemain dans la matinée.

Bien entendu, nous ne faisons que soulever des aspects négatifs de l’expérience Insane. Nous savons très bien qu’entre le dialogue avec les autorités et les demandes -parfois exagérées- des artistes, faire un festival d’envergure en France n’est pas chose aisée.

Un problème d’ordre national?

Si de nombreux festivaliers se sont plaint le lendemain du festival, nous devons quand même prendre la défense du festival. Nous évoluons dans un pays où il n’existe pas une culture électronique aussi développée et intégrée que dans des pays comme la Belgique ou la Hollande où, faire la fête est une réelle industrie prise au sérieux. Beaucoup de festivals se voient obligé d’annuler leur édition, parfois à quelques jours de l’événement. L’Etat n’est pas nécessairement en tort, mais nous ne pouvons pas souligner leur aide volontaire à la tenue de ce genre d’événement culturel.

Malgré tout, l’Insane a tout de même réussi à maintenir son édition, ce qui n’est pas toujours le cas pour des festivals, de hard music qui plus est. Comme l’ont laissé entendre les organisateurs sur un post Facebook le lendemain, les autorités ont pris des décisions qui auraient pu mettre en danger un grand nombres de civils ( concernant l’insuffisance d’eau sur le site notamment ).

Vue depuis la foule de la scène hardcore

Par ailleurs, si nous saluons la proposition de décoration de la scène hard par exemple, nous espérons que ce genre de travail ouvrira la voie à des scènes encore plus impressionnantes comme peut le proposer nos voisins belges. Ce pan de la culture musicale contemporaine n’est pas encore totalement intégrée. L’Insane restera néanmoins l’un des précurseurs en la matière.

En conclusion, nous sommes personnellement déçus pour ce festival. Pour avoir été présent à l’édition 2017, nous soulignons de belles évolutions. Le bracelet qui fera office de souvenir, les scènes extérieures vraiment réussies sont de réels atouts. La musique était au rendez-vous et c’est le plus important, malgré ce qu’il a pu se passer en coulisse. Seulement, il semble encore problématique pour certains ( autorités, artistes déconnectés de la réalité ) de faire en sorte que le travail d’un groupe soit réussi. Nous retiendrons principalement une nuit exceptionnelle grâce à un amour des musiques électroniques partagé par presque tous.