Notre cinéphilie est quelque chose de vivant, qui évolue au fil du temps. Nous n’avons pas les mêmes goûts à huit ans, à vingt ans ou à cinquante ans, fort heureusement d’ailleurs: c’est le signe que tout au long de notre vie, notre culture cinématographique s’enrichit, s’étoffe, s’affine.

La plupart du temps, nous commençons par regarder des dessins animés ou des films pour enfants, dont certains nous sont proposés directement par nos parents. Nous identifions très vite nos préférés, que nous regardons des dizaines de fois et qui constituent en quelque sorte notre « cinéphilie primitive ». Puis viennent les films d’adolescence, que nous découvrons plutôt grâce à nos amis et que nous faisons ensuite découvrir à d’autres. C’est l’âge de l’émancipation, des films « sous le manteau », quelquefois des interdits. Là encore, nous les regardons volontiers en boucle. Vient enfin l’âge adulte, à la sortie du lycée, lorsque nous commençons réellement à découvrir des œuvres plus matures, plus consistantes, comme des films d’auteur. Voire, quelquefois, des films dits « de cinéphiles »! C’est le début de l’engrenage.

En vieillissant, nous élargissons notre terrain de jeu, notre champ d’investigation: nous découvrons d’autres films, de plus en plus variés, de plus en plus exigeants. Nos discussions et nos débats, déjà enflammés depuis longtemps, se font plus pointus. Les plus passionnés d’entre nous se mettent à lire des livres sur le sujet, à suivre des chaînes YouTube, à regarder des documentaires, à écouter des podcasts. Avec le temps nous devenons des amateurs éclairés, et parfois de véritables connaisseurs. En parallèle, ce sont nos personnalités qui évoluent: nous prenons de l’âge, nous vivons des expériences, nous mûrissons, nous affinons notre jugement, ce qui rejaillit nécessairement sur notre perception des œuvres d’art et notamment des œuvres cinématographiques. Nous n’attendons plus tout à fait les mêmes choses d’un film: à la recherche de sensations pures (action, humour, frissons, musique) viennent se mêler une recherche de forme (qualité de l’écriture, de la mise en scène, du jeu des acteurs) puis de fond (historique, politique, philosophique, sociétal, poétique, etc.).

La liste de nos films préférés n’est donc jamais gravée dans le marbre, elle évolue sans cesse. Au gré de nos nouvelles découvertes bien sûr, mais aussi de nos changements de goût et de perception. Nous devons constamment mettre à jour notre panthéon personnel, dresser de nouvelles listes. Si quelqu’un nous demande aujourd’hui de citer nos dix films préférés, nous ne répondrons pas la même chose qu’il y a dix ans, qu’il y a deux ans, qu’il y a quelques semaines peut-être. Avec le temps et le recul, nous pouvons remettre tout cela en perspective ou faire divers constats: certains films nous accompagnent depuis notre plus tendre enfance et seront toujours là, tandis que d’autres nous plaisent un certain temps puis finissent par nous lasser. D’autres encore sont de grands chocs d’adolescence qui nous poussent à explorer très loin dans telle ou telle direction, quitte à en revenir par la suite, d’autres enfin surgissent dans nos vies beaucoup plus tardivement pour ne plus jamais nous lâcher. Il arrive même que nous détestions un film au premier visionnage pour finalement l’adorer au second, parfois de nombreuses années plus tard. Tout le monde (ou presque) a déjà connu des révélations de ce genre! Oui, la cinéphilie est vraiment quelque chose de vivant, d’évolutif.

Force est de constater toutefois une chose: nos premiers émois cinématographiques nous quittent rarement si facilement. Nous nous souvenons généralement très longtemps de nos films d’enfance et d’adolescence, qui occupent une place particulière dans notre mémoire. On dit souvent que la cinéphilie se cristallise à l’adolescence, ce qui est plutôt vrai. À titre personnel, je considère que la cinéphilie enfantine est également quelque chose de très puissant et d’incroyablement précieux (tout le monde n’est pas forcément de cet avis). Je reste extrêmement attaché à toutes ces œuvres devant lesquelles j’ai vécu mes premières émotions de spectateur et que je connaissais souvent par cœur, parfois réellement à la virgule près. Je pourrais citer pas mal de films de mon enfance que je revois encore régulièrement, avec toujours le même plaisir. La nostalgie y est pour beaucoup bien sûr, même si certains sont vraiment de très bons films.

Hook, de Steven Spielberg (1991): en voilà un beau film d’enfance!

Mais en l’occurrence, cet article n’a pas pour but de célébrer nos films d’enfance préférés, ni même nos films préférés tout court. Il ne s’agit pas de partager, comme c’est souvent le cas, nos « tops 5 » ou « tops 10 de tous les temps », ces fameux classements qui soi-disant suffiraient à nous résumer comme une carte d’identité cinéphilique. Du reste, nous savons tous pertinemment qu’il est impossible de limiter un passionné de cinéma à une poignée de films seulement. Non, cet article va tenter de proposer un concept un peu différent que l’on pourrait appeler « cinéphilie actuelle », ou plutôt « cinéphilie récente ». Pour ce faire, j’ai demandé à tous mes camarades de Culturaddict de me citer les dix plus beaux films qu’ils ont découverts lors des quatre ou cinq dernières années, sans remonter plus loin. Le choix de ce point de départ, certes arbitraire, m’a semblé un assez bon compromis (à titre d’exemple, Parasite de Bong Joon-ho sortait il y a un tout petit peu plus de cinq ans en France). Bien entendu je vous invite à faire le même exercice si le cœur vous en dit, c’est même l’objectif!

Petite précision: il ne doit pas nécessairement s’agir de films qui sont SORTIS ces quatre ou cinq dernières années (ou alors, autant faire nos tops 10 des années 2020 par exemple), mais de films que nous avons DÉCOUVERTS ces quatre ou cinq dernières années. Des films très anciens peuvent donc y figurer, seule compte la date à laquelle nous les avons visionnés pour la première fois! Il s’agit simplement de mettre en lumière nos goûts cinématographiques actuels et uniquement actuels, en citant dix chefs-d’œuvre découverts sur la période récente et en évacuant (pour une fois) tous nos films de chevet: nos films d’enfance, d’adolescence ou simplement ceux qui nous accompagnent depuis très longtemps, ceux que l’on cite toujours comme faisant partie de nos préférés et que l’on ne remet plus tellement en question. En d’autres termes, c’est une invitation à nous détacher de notre « base arrière » et à ne nous concentrer que sur les films qui nous ont émerveillés ces derniers temps. Une manière comme une autre de rappeler que notre cinéphilie n’est jamais figée.

L’un des plus grands films de tous les temps et je ne l’ai pas choisi? Honte à moi!

Il peut être judicieux de choisir un angle pour faciliter la sélection: en ce qui me concerne, j’ai pris soin de citer dix films que j’estime particulièrement représentatifs de l’évolution de mes goûts ces dernières années, des films que je n’aurais pas forcément cités il y a six ou sept ans même si je les avais vus. Bien sûr, j’aurais pu en choisir beaucoup d’autres, aussi bons et peut-être même meilleurs que ceux-là. Pour les éliminer, j’ai parfois eu recours à des critères un peu fallacieux: L’Aurore, de Murnau, qui m’a ému plus que n’importe quel autre? Trop facile, c’est un chef d’œuvre intemporel et inattaquable… Barry Lyndon? Kubrick, c’est plutôt ma cinéphilie d’avant… Phantom of the Paradise, de Brian de Palma? C’est de la triche, la bande originale est tellement grandiose qu’elle prend le pas sur tout… Les Contes de la lune vague après la pluie? J’ai choisi Ozu plutôt que Mizoguchi, c’est comme ça… Le Trou, de Jacques Becker? Oui, ça aurait pu… Un Miyazaki? Je ne suis pas dans une période animation en ce moment… La Pianiste de Michael Haneke? Tár de Todd Field? Je les ai vus trop récemment, il faut que je les digère… Et j’en oublie tant d’autres!

Ah, un dernier critère qui n’engage que moi: un seul film par réalisateur. J’aurais volontiers sélectionné plusieurs films de Bruno Dumont, d’Abdellatif Kechiche ou de Nuri Bilge Ceylan par exemple. Mais bon, il faut bien se limiter. Allez, c’est parti pour les listes des rédacteurs Culturaddict!


La liste d’Adrien (par ordre chronologique de sortie)
:

Voyage à Tokyo (Yasujirō Ozu – 1953)

Découvert grâce au récent cycle consacré à Ozu sur le site d’Arte, qui proposait dix des derniers films du maître japonais. N’ayant jamais rien vu de son œuvre auparavant, je n’en ai pas laissé une miette et j’ai été subjugué par tant de beauté et de poésie. J’ai adoré revoir constamment les mêmes acteurs dans des rôles différents, comme dans une troupe de théâtre qui jouerait chaque soir une pièce différente de son répertoire… J’ai surtout découvert le style très marqué d’Ozu: une mise en scène au cordeau, ultra-rigoureuse, faite de plans fixes à hauteur de tatami et de champs-contrechamps plein face, avec quasiment des regards caméra des comédiens. Il était impensable de ne pas faire apparaître l’un de ses films dans cette liste! Sans grande surprise, ce sera Voyage à Tokyo, son plus célèbre et souvent considéré comme son plus beau.

Un couple de personnes âgées vivant à la campagne entreprend un voyage à la capitale pour rendre visite à ses enfants. Mais les enfants sont devenus des adultes: ils ont chacun leur vie, leur travail, parfois leur famille, et pas forcément beaucoup de temps à consacrer à ces parents qu’ils voient déjà si peu… Tous les thèmes d’Ozu sont là: la famille, la vieillesse, les conflits de génération, le mariage, l’évolution vertigineuse de la société japonaise au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’émergence de la modernité au dépens des traditions, le monde du travail (avec de plus en plus de femmes dans les bureaux), le train… Tout son style également, avec ces scènes d’intérieur faites de longues discussions à genoux, une tasse de thé à la main. Une histoire très simple, presque banale, et dont même la poussée dramatique finale sera filmée très délicatement, sans heurt, sans effusions, avec une absolue sérénité. Chez Ozu, les hommes et les femmes restent dignes en toute circonstance. C’est ce qui rend d’autant plus bouleversants les rares moments où ils s’abandonnent un peu: comment oublier les chaudes larmes de Noriko (divine Setsuko Hara), elle si douce et si généreuse… Une véritable splendeur dont on ressort un peu nostalgique, mais surtout heureux et apaisé.

Sueurs froides (Alfred Hitchcock – 1958)

Croyez-le ou non: j’ai vu au moins une vingtaine de films d’Alfred Hitchcock (l’un de mes réalisateurs préférés depuis de nombreuses années) avant d’avoir enfin l’occasion de visionner son Vertigo pour la première fois! J’ai finalement pu le faire grâce à un somptueux coffret DVD qui m’a été offert et que je chéris comme un trésor. Mieux vaut tard que jamais comme on dit, et je dois avouer que je n’ai pas été déçu le moins du monde: cet immense classique du cinéma américain, de plus en plus célébré à mesure que les années passent, a immédiatement pris la première place de mon classement personnel du cinéaste, devant le tout aussi génial Psychose (1960). L’exploit n’est pas mince, et même si tout le monde connaît déjà ce chef-d’œuvre, il fallait absolument qu’il figure dans cette liste. Parfois, il ne faut pas chercher à faire compliqué…

À cause de ses vertiges récurrents, Scottie est contraint de quitter la police de San Francisco. Alors qu’il est au repos forcé, un ancien ami vient le voir et lui propose de le payer pour suivre les déplacements de son épouse, car il craint pour sa santé mentale: celle-ci serait possédée par l’esprit de son aïeule… Malgré son scepticisme, Scottie accepte. Sa fascination pour la jeune femme va alors l’entraîner beaucoup plus loin que ce qu’il aurait imaginé… Comme souvent chez Hitchcock, le suspense est naturellement au rendez-vous: cette intrigue de détective privé, de filature et de femme fatale est particulièrement perverse et retorse. Mais le film se distingue aussi comme l’un des plus romantiques, et même langoureux du réalisateur britannique. C’est également l’un des plus étranges, et l’un des plus troublants moralement (ce qui n’est pas peu dire concernant Hitchcock). Enfin, ça a souvent été dit, c’est avant tout un film sur le cinéma lui-même: le personnage de Scottie joué par James Stewart est d’abord spectateur de l’intrigue, puis acteur, et enfin metteur en scène (et même directeur d’acteurs). L’un des films les plus brillants et influents de l’histoire du cinéma, qui compte d’ailleurs un très grand nombre de remakes cachés. Ce n’est pas Brian de Palma qui dira le contraire!

Soy Cuba (Mikhaïl Kalatozov – 1964)

L’un des films fétiches de notre cher Stanislas qui nous en parle régulièrement depuis des années! Après l’avoir visionné, je peux enfin confirmer qu’il avait raison. Ô combien. Ce long-métrage soviéto-cubain en quatre parties (chacune relatant un aspect de la révolution cubaine), tourné à la gloire du socialisme en pleine crise des missiles de Cuba, est l’une des œuvres cinématographiques les plus éblouissantes que vous pourrez jamais trouver. De toute ma vie, je pense que c’est le film qui m’a le plus subjugué par sa mise en scène, d’une ampleur et d’une virtuosité proprement stupéfiante: on y trouve notamment des plans-séquences homériques, jamais vus ailleurs, qui nous donnent l’impression de voir à travers les yeux du pays tout entier. Et quelle photographie! Le noir et blanc, extraordinairement contrasté pour l’époque, est tout simplement à tomber par terre. J’en suis ressorti totalement sonné.

Il faut dire que Mikhaïl Kalatozov, réalisateur soviétique auréolé d’une Palme d’or pour un autre chef-d’œuvre (Quand passent les cigognes, 1957), a été particulièrement bien épaulé par un chef opérateur d’exception: Sergueï Ouroussevski. Un authentique génie, dont le savoir-faire technique et le talent incommensurable furent une véritable bénédiction pour ce réalisateur ambitieux qui cherchait à accoucher d’une œuvre puissante et percutante. Et pourtant… Le film a été très mal accueilli à sa sortie, au point qu’il est pratiquement tombé dans l’oubli pendant plus de trente ans… Ce n’est qu’au milieu des années quatre-vingt-dix que Martin Scorsese et Francis Ford Coppola l’ont redécouvert et lui ont permis de s’offrir une seconde vie. Tout comme les films d’Eisenstein en leur temps, Soy Cuba prouve de façon particulièrement éclatante qu’une œuvre de propagande, largement financée par des états communistes, peut aussi être un chef-d’œuvre du septième art. Impossible d’oublier cette voix off féminine, personnifiant le pays lui-même, qui nous prend régulièrement à témoin sur les événement qui se déroulent sous nos yeux. En débutant toujours par ces mots: « Soy Cuba« …

À nos amours (Maurice Pialat -1983)

Là encore, merci Arte: leur site internet m’a permis de découvrir la filmographie intégrale de Maurice Pialat, cinéaste français majeur qui aura poussé très loin le naturalisme et la direction d’acteurs, avec une exigence confinant parfois à la tyrannie. Il faut dire que le bonhomme était particulièrement colérique, et qu’il puisait abondamment dans ses propres colères pour écrire ses films en s’inspirant généralement de sa vie personnelle. Il a souvent eu recours à des acteurs au caractère bien trempé qui lui servaient d’alter ego à l’écran: Jean Yanne tout d’abord, mais surtout Gérard Depardieu (à quatre reprises) avec qui la relation a parfois fait des étincelles… Tous les films de Pialat sont incontestablement à voir, mais À nos amours reste mon préféré, sans la moindre hésitation. On y découvrait la toute jeune Sandrine Bonnaire, seize ans à peine, lumineuse malgré les fêlures de son personnage.

Tout commence sur un bateau en été, comme un film de vacances. On pense alors que le film racontera les amours frivoles de Suzanne, jeune fille libre mais indécise… Mais Pialat n’est pas homme à prendre son spectateur par la main: il ne fournit pas la trame, le « fil conducteur » de toute bonne histoire qui se respecte. Ce serait bien trop facile, bien trop banal. Ce qui importe, dans ce film comme dans les autres, ce n’est pas la logique narrative: ce sont les scènes elles-mêmes, avec leur puissance propre. Avec un incomparable sens de l’ellipse (l’une des marques de fabrique du cinéaste), le film ne raconte pas, il montre. Tellement. Des morceaux de la vie de Suzanne, qui n’est pas facile tous les jours avec cette famille dysfonctionnelle où les cris et les coups sont monnaie courante. La mère cinglée, le père froid et colérique (incarné par Pialat lui-même), le frère violent, rien n’est simple. La vie sentimentale de Suzanne non plus. Et pourtant, le film s’appelle À nos amours… Il est parfois très sombre, peut montrer des choses sordides, mais il est infiniment solaire. Le meilleur exemple reste cette grande séquence surprise autour de la table, avec le père face à toute la famille: l’une des scènes les plus puissantes, violentes, émouvantes et jouissives qui soit. Tout cela en même temps. Oui, c’est de la magie.

L’humanité (Bruno Dumont – 1999)

La découverte du cinéma de Bruno Dumont a été un véritable choc pour moi. J’ai dévoré toute sa filmographie il y a quelques années, et ses films (surtout les premiers) ont vraiment contribué à me faire voir le cinéma autrement. D’abord, c’est un cadreur exceptionnel: personne ne filme les paysages du Nord de la France comme lui, avec l’œil des grands peintres flamands dont il dit s’inspirer. Ensuite, c’est quelqu’un qui fait massivement appel aux acteurs amateurs, qu’il sélectionne lui-même dans sa région natale. Il aime par-dessus tout mettre à l’honneur les « gueules » particulières et les accents ch’tis à couper au couteau (parfois à la limite du compréhensible). Mais surtout chez lui, la trivialité absolue de notre monde profane côtoie toujours une forme de sacralité, de mysticisme… De ce point de vue-là, L’humanité est assurément son plus beau film.

Dans la petite ville de Bailleul, Nord-Pas-de-Calais, on retrouve le corps d’une fillette de onze ans dans un champ. Elle a été violée et sauvagement assassinée. C’est le lieutenant Pharaon de Winter qui est chargé de l’enquête. Pharaon n’est pas un type comme les autres: timide maladif, voire légèrement simplet, il a vécu une tragédie personnelle il y a quelques années et ne s’en est jamais vraiment remis. Il est secrètement amoureux de Domino, son amie d’enfance, mais Domino sort déjà avec l’exubérant Joseph. Mais surtout, Pharaon ressent tout, et il ne peut s’empêcher de soulager les gens qui souffrent autours de lui… L’enquête policière? Un simple prétexte pour ce film rêche, lent et mutique qui filme comme aucun autre les visages, les corps et la matière sous toutes ses formes. Chez Dumont, athée qui s’interroge, c’est toujours de la matérialité la plus concrète que surgit la grâce, et parfois même le sacré. Beaucoup de ses films comportent des personnages plus ou moins « christiques »: Céline dans Hadewijch, « le gars » dans Hors Satan, Jeanne d’Arc dans les deux films qui lui sont consacrés… Mais Pharaon est probablement le plus réussi d’entre eux. Les grands yeux mélancoliques du comédien Emmanuel Schotté, qui semblent constamment lorgner vers une vérité supérieure, ne s’oublient pas de sitôt.

La Graine et le Mulet (Abdellatif Kechiche – 2007)

Autre choc des dernières années pour moi: la découverte du cinéma d’Abdellatif Kechiche (notamment grâce à OCS), cinéaste controversé s’il en est mais ô combien génial. Avec son obsession pathologique pour le réel, sa direction d’acteurs autoritaire, ses prises innombrables pendant les tournages et son caractère difficile (pour ne pas dire plus), il a tout du nouveau Maurice Pialat (avec une dimension sociale en plus). J’ai adoré tous ses films et j’aurais pu en choisir plusieurs à mettre dans cette liste, notamment L’Esquive, La Vie d’Adèle ou encore Mektoub, My Love: canto uno. Seulement voilà, il y en a un en particulier qui m’a scotché encore plus que les autres: La Graine et le Mulet, qui révéla notamment la merveilleuse Hafsia Herzi dont on n’avait pas fini d’entendre parler.

Slimane a la soixantaine et est déjà bien fatigué par la vie. Père de famille divorcé, il a conservé de bons rapports avec ses enfants et son ex-épouse. Il vit désormais en couple avec la patronne d’un hôtel et sa fille Rhym, dont il est très proche. Depuis des années, il travaille comme ouvrier sur le chantier naval de Sète. Mais un jour, il se retrouve au chômage. Pour garder la tête haute, il va alors tenter un pari fou: retaper un vieux bateau pour en faire un restaurant de couscous, comme il en a toujours rêvé. Problème: Slimane n’a ni l’argent ni les connaissances pour se lancer, et la mairie est plus que sceptique sur son projet. Qu’à cela ne tienne: ses deux familles, malgré leurs relations pas toujours faciles, seront là pour l’aider… Une éblouissante démonstration de la forme Kechiche, avec cette caméra flottante qui filme les visages et les corps de si prêt, comme pour nous mettre dans la confidence. Et ces scènes où la temporalité s’étire, s’étire… Ou quand l’observation naturaliste est tellement poussée à l’extrême qu’elle en devient hallucinatoire, quasiment onirique. Le dévouement de Rhym la « grande gueule » envers son « beau-père » dans le besoin est déchirante. La dernière demi-heure bascule dans l’épique, mille fois plus intense que n’importe quel thriller. Un film sublime sur la dignité des petites gens, l’entraide, la débrouille, et la force de travail de ceux qui n’ont rien d’autre.

Séjour dans les monts Fuchun (Gu Xiaogang – 2020)

Le cinéma chinois a produit quelques chefs-d’œuvre ces dernières années, et il serait vraiment dommage de passer à côté. Personnellement, j’ai eu deux immenses coups de cœur en salle: le premier a été So Long, My Son (2019) de l’expérimenté Wang Xiaoshuai, que j’aurais tout à fait pu citer. J’ai finalement choisi Séjour dans les monts Fuchun du jeune Gu Xiaogang, dont c’est le premier long-métrage à seulement 31 ans. Quand on voit le résultat, on a peine à le croire tellement c’est stupéfiant de maîtrise et de maturité. Le jeune prodige voit déjà très grand puisqu’il a immédiatement indiqué que son film serait le premier volet d’une trilogie. Les deux suites ne verront peut-être jamais le jour, mais qu’importe: cette première partie se suffit à elle-même, et c’est une merveille.

L’action se situe à Fuyang, ville natale du réalisateur, au bord du fleuve Fuchun et au pied des monts Fuchun. Alors que tout le monde est au restaurant pour fêter les soixante-dix ans d’une grand-mère, celle-ci fait un malaise. Ses quatre fils doivent décider qui devra désormais s’en occuper à temps plein. Mais la vie n’est déjà pas facile pour ces gens modestes, qui font ce qu’ils peuvent dans un monde qui se transforme rapidement… Le large et majestueux fleuve, qui s’écoule paisiblement au rythme des saisons, symbolise d’abord le temps qui passe. C’est un film sur les choses qui changent, et c’est peu dire que la société chinoise est en pleine mutation: l’évolution des mentalités entre ancienne et nouvelle génération, les difficultés toujours croissantes pour les classes moyenne et populaire, la transformation massive du paysage urbain (notamment à l’aube des Jeux Olympiques de Pékin), la crise du logement qui en découle… Le jeune réalisateur aborde tous ces thèmes de front avec une aisance et une agilité incomparable, en procédant par petites touches à la manière d’un peintre. La caméra, omnisciente et légère, s’approprie l’espace et parvient à tout capter avec un naturel renversant. La mise en scène est ample, virtuose, ambitieuse, mais jamais démonstrative. Tout semble couler, à l’image de ce fleuve qui symbolise également l’immuable: au bout du compte, la seule chose qui restera au milieu de tous ces changements, c’est bien lui.

Pacifiction: Tourment sur les Îles (Albert Serra – 2022)

Le catalan Albert Serra est un drôle de bonhomme, sûr de sa force et qui ne fait rien comme tout le monde. D’abord son art est toujours d’une radicalité extrême, sans compromis. Et puis avant Pacifiction, il n’avait réalisé que des « films d’époque », des films en costumes qui se déroulaient notamment au XVIIème ou au XVIIIème siècle. Ses premiers personnages furent Les Rois Mages, Don Quichotte, Louis XIV ou encore Casanova. Voilà qui en dit long sur le culot d’un cinéaste, d’autant qu’il a toujours su composer avec des budgets modestes. Comme quoi, avec du talent, c’est tout à fait possible! Jusqu’ici, ses films étaient passionnants mais très austères, dépouillés, arides, à la limite de l’expérimental. Avec Pacifiction, film beaucoup plus ample (son premier qui se déroule à notre époque), il a atteint une sorte de plénitude formelle pour accoucher d’un très grand film.

Tahiti, Polynésie française. En tant que Haut-Commissaire de la République, De Roller représente l’État français et incarne l’autorité locale. On l’aperçoit souvent dans les évènements officiels mais aussi dans des lieux plus interlopes, comme le Paradise Club où tant de choses semblent se décider. On fait parfois appel à lui pour jouer les conciliateurs, appuyer une demande ou arbitrer un conflit. Des rumeurs insistantes viennent bientôt accentuer ces sollicitations: il se murmure que la France envisagerait une reprise des essais nucléaires dans la région… En situant son action à l’autre bout du monde, dans un lieu exotique et fantasmé dont les codes nous sont méconnus, le réalisateur fait baigner sa pseudo-intrigue de thriller dans une atmosphère étrange et colorée (ce ciel rose-orangé), à la temporalité ultra-distendue, comme dans un songe. Mais la méthode de tournage très particulière de Serra, inspirée de ce qui se fait dans le documentaire, procure un réalisme inégalé dans le jeu des acteurs: les amateurs tahitiens sont parfaits, et Benoît Magimel a trouvé le rôle de sa vie. Sans en avoir l’air, c’est accessoirement un grand film sur la France et sur la politique française. Pas mal pour un sale gosse catalan.

Les Herbes sèches (Nuri Bilge Ceylan – 2023)

Encore un grand cinéaste dont j’ai récemment pu découvrir plusieurs films grâce à Arte! Le réalisateur, scénariste, photographe, monteur et chef opérateur turc accédait à la notoriété mondiale en 2014 grâce à sa Palme d’or obtenue pour Winter Sleep. Devant un film de Ceylan, on est d’abord frappé par une évidence: on est en présence d’un immense cadreur, un maître du plan large et de la profondeur de champ. Ses plans-séquences fixes, longs et contemplatifs, toujours très pensés, ont le don de magnifier les paysages aussi bien urbains (Istanbul sous la neige dans Uzak) que ruraux (Il était une fois en Anatolie). Les grands espaces silencieux écrasent les personnages, comme pour relativiser l’importance de leur sort. Dans les premiers films de Ceylan, on parlait d’ailleurs très peu. Dans les derniers au contraire, tant de choses passent par les dialogues… J’ai eu un mal de chien à ne choisir qu’un seul film. Mais je crois que son dernier en date, le seul que j’ai vu en salle, est en fait celui que je préfère.

Samet, jeune professeur d’art qui se pique d’idées progressistes, enseigne depuis quatre ans dans un petit village reculé d’Anatolie. Depuis son arrivée, il n’attend qu’une chose: être muté à Istanbul, ce qui ne saurait tarder. Avec son collègue Kenan, ils vont faire la connaissance de Nuray, une autre enseignante déjà bien éprouvée par la vie et qui leur plaît à tous les deux. Mais un jour, Samet et Kenan sont accusés de harcèlement sexuel par deux jeunes élèves… Un pitch qui pourrait sentir la facilité, le sujet d’actualité: un mauvais réalisateur en ferait un drame de société ou un thriller médiocre, avec un scénario bien téléphoné. Ceylan préfère livrer une fresque tchékhovienne et mélancolique de trois heures dix-sept, qui explore et brasse les sentiments avec finesse, retenue et profondeur: l’amertume causée par la perte de nos illusions, l’éternelle insatisfaction, le sentiment de vide de nos existences, le courage de s’engager, le timide espoir de jours meilleurs, l’amour comme refuge possible… Samet le cynique, le désabusé, est-il aussi clairvoyant qu’il se le raconte? Les vents contraires ébranleront ce personnage peu sympathique pour en dévoiler toute la complexité, l’humanité et l’extraordinaire justesse. La longue séquence du dîner chez Nuray, dialogue d’une intensité inouïe entre deux êtres cabossés qui se cherchent l’un l’autre, est l’une des plus grandes scènes que j’ai vu de ma vie. Sans exagération.

Anatomie d’une chute (Justine Triet, 2023)

C’est peu dire qu’on en a beaucoup parlé: grâce à son dernier film (co-écrit avec son compagnon Arthur Harari), Justine Triet est devenue la troisième femme à décrocher la Palme d’or dans toute l’histoire du Festival de Cannes. Le film ne s’est pas arrêté en si bon chemin puisqu’il a également remporté six Césars, deux Golden Globes et même l’Oscar du meilleur scénario, ainsi qu’une pluie de nominations et de critiques largement élogieuses. On sait pourtant que les récompenses ne sont pas forcément synonymes de grand film. Et de fait, parmi les spectateurs, il y a clairement deux camps: ceux qui considèrent le film comme un chef-d’œuvre, et ceux qui le considèrent comme un honnête téléfilm de procès, pas mal fichu mais un peu ennuyeux… Autant le dire tout de suite, cette deuxième vision me dépasse complètement. Car pour moi, Anatomie d’une chute est sans conteste l’un des films français les plus brillants de ces dernières années.

Sandra et Samuel vivent avec leur fils malvoyant, Daniel, dans un chalet isolé en montagne près de Grenoble. Un matin d’hiver, en rentrant d’une promenade avec son chien, Daniel retrouve son père mort devant la maison: il a chuté du balcon. Que s’est-il passé? S’agit-il d’un accident, d’un suicide, d’un meurtre? Sandra est mise en examen pour homicide volontaire. Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère… Justine Triet adore faire parler ses personnages, surtout pour leur faire défendre une position (c’était déjà la cas dans Victoria ou dans Sybil). Et pour cela, quel meilleur lieu qu’une cour d’assise, avec une accusée ambiguë, un avocat de la défense motivé, un avocat général très agressif et une horde d’experts qui s’écharpent à n’en plus finir pour essayer de dégager une vérité? Grâce à ce dispositif qui oblige à être convaincu pour être convaincant, les acteurs sont exceptionnels. Tous. Pourtant, plus les débats avancent et plus l’affaire se complexifie, se ramifie et s’enlise. Tous les arguments s’avèrent réversibles, et la vérité s’éloigne au lieu de se rapprocher. C’est que le film semble proposer une thèse vertigineuse: la vérité objective n’existe pas. Seuls les points de vue subjectifs existent. Au bout du compte, les efforts déployés par la machine judiciaire ne peuvent avoir qu’un seul effet: étaler toujours plus la vie privée de ce couple, dont les relations tumultueuses sont décidément insondables… Les films de procès? On connaît par cœur. Avec une densité pareille, une écriture aussi riche, des questionnements philosophiques aussi puissants? Personnellement, jamais vu…

La liste de Stanislas

Une liste d’une dizaine de films m’est apparue très rapidement en repensant à tous les films que j’aime revoir régulièrement pour la qualité de leurs jeux d’acteurs, de leurs scénarios ou de leur inventivité. Des films quejai vu et que j’aime revoir pour ressentir toujours le même frisson.

Everything Everywhere All at Once

Quel tourbillon d’audace et d’inventivité que ce film plusieurs fois récompensé aux Oscars. Le film divise dans la rédaction de Culturaddict, j’en suis tombé amoureux (même si j’ai du le revoir une seconde fois car je m’étais endormi la première fois, tout en me disant que je manquais quelque chose). EEAAO est pour moi un des musts des 10 dernières années!

Annette

Annette, pour moi, c’est une BO, une musique, une dramaturgie, un tourbillon d’émotions vraies, je peux le revoir encore et encore. We love each other so much

Elvis

Je ne me lasse pas de revoir les scènes clés de ce film de Baz Luhrman, notamment celle où Elvis chante If I can dream, avec tous les regards échangés dans la régie entre Tom Hanks/Colonel Parker, les managers et Priscilla Presley. Du grand art.

La Fièvre de Petrov

Pour ceux qui ont autant aimé que moi le film Leto, le même réalisateur a réalisé une autre pépite de cinéma à découvrir, La Fièvre de Petrov, impossible à résumer mais inoubliable tour de force cinématographique du niveau de L’Arche Russe.

Le Mans 66

Le Mans 66 est un film d’homme pour les hommes qui aiment l’action et les voitures, mais pas que. L’histoire, les acteurs, les scènes de course, et puis cette scène où Matt Damon emmène le président de Ford tester la voiture de course, lui au bord de l’évanouissement à cause de la vitesse et des trajectoires, ça ne se refuse pas.

L’Ombre de Staline

Film ultra réaliste qui décrit le drame de l’holodomor, génocide du peuple ukrainien orchestré par l’ogre Staline, l’ombre de Staline fait froid dans le dos et cloue au siège, littéralement. Comme quoi, l’histoire se répète inlassablement…

La Mort de Staline

Encore un film sur Staline, mais cette fois sur sa mort et la lutte de ses partisans pour prendre le pouvoir. Ce film est un vrai délice d’humour noir et de sarcasmes. Une vraie leçon de real politik!

Le Molière imaginaire

Vus pensiez connaitre Molière? Et si votre vision était trop limitée par rapport au génie de l’homme? Le Molière imaginaire propose une vraie mise en abime de l’homme et du théâtre dans un film vertigineux. Je ne l’ai pas encore revu, mais il me tarde de le revisionner!

Scott Pilgrim

Peut-être le film que j’ai le plus revu ces 10 dernières années. L’humour est irrésistible, les acteurs sont super (avec quelques guests) et puis la musique… Scott Pilgrim est un incontournable!

Lucky Strike

Les coréens sont passés maitres dans l’art des thrillers tortueux, Lucky Strike en est une preuve éclatante avec cette galerie de personnages qui se dézinguent à tour de bras.

Le Stratège

Le duo formé par Brad Pitt et Jonah Hill occupe tout l’écran dans ce film qui porte bien haut les valeurs de résilience et de persévérance dans le milieu du Base-Ball. Un vrai coup de cœur personnel.

Don’t worry He won’t go far on foot

Un grand film sur les ravages de l’alcool porté par un Joaquin Phoenix vertigineux de talent et un Jonah Hill parfait en coach des Alcooliques Anonymes. Film drôle et émouvant à voir et revoir que ce Don’t worry he won’t go far on foot.

La liste de Sarah:

La liste de Sarah:

1-Les Filles du Docteur March (Greta Gerwig, 2019)

Le film qui m’a fait découvrir et aimer Greta Gerwig et son cinéma! Une magnifique histoire de famille qui m’a beaucoup évoqué ma relation avec ma sœur et mes deux frères. Je me suis retrouvée à fond dans le personnage de Jo March (Saoirse Ronan) avec son ambition artistique et son caractère déterminé à la limite de la forte tête.

2-Adaptation (Spike Jonze, 2002):

Un excellent traité sur l’écriture de scénario et le film meta par excellence! Il n’y avait que Charlie Kaufman pour user du meta avec intelligence dans ce film brisant la frontière entre fiction et réalité avec son jumeau fictif Donald, tous deux joués avec brio par Nicolas Cage!

3-Lady Bird (Greta Gerwig, 2017):

Un film qui a été une charnière considérable dans ma vie et ma psyché. À l’instar de Jo March (quoiqu’un peu moins), je me suis beaucoup retrouvée dans le personnage éponyme (Saoirse Ronan) dont le vécu dans le film m’a rappelé des passages de la fin de mon adolescence.

4-Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979):

Une expérience unique quand j’ai vu le final cut au cinéma! Avec une production aussi chaotique, Coppola a accouché d’un miracle porté par Martin Sheen et Marlon Brando, dans ce fleuve vietnamien dépeint en allégorie du Styx. À voir de préférence en version Redux (le DVD Pathé est de très bonne facture) avec le redoublage de 2001.

5-Killers of the Flower Moon (Martin Scorsese, 2023):

Mon chef-d’œuvre de 2023! Scorsese est passé d’un polar à une grande fresque historique (avec des éléments de western et du film de gangsters) mettant en exergue un pan inavouable de l’histoire américaine et rendant justice non seulement à une nation amérindienne, les Osage, mais en réalité aux Amérindiens, encore peu reconnus à leur juste valeur.

6-L’Antre de la Folie (John Carpenter, 1994):

Le point d’orgue de la Trilogie de l’Apocalypse! Aux côtés de Sam Neill, Jürgen Prochnow et Michael De Luca, John Carpenter rend un magnifique hommage au Maître de l’horreur H.P. Lovecraft avec un traitement intelligent de l’horreur cosmique et une sorte de mise en abyme déroutante! Une influence pour moi en termes de mise en scène!

7-Lord of War (Andrew Niccol, 2005):

Nicolas Cage et Andrew Niccol au sommet de leur art! Inspiré de faits réels, ce film aborde avec cynisme et froideur un business pourri et sanglant mais conséquent sur le plan géopolitique et très lucratif.

8-Hérédité (Ari Aster, 2018):

Le renouveau du cinéma d’horreur, une influence pour moi au même titre que L’Antre de la Folie! Pour son premier long-métrage, Ari Aster renverse la table et offre un nouveau visage à la terreur qui tranche drastiquement avec les films d’horreur franchisés insipides de Blumhouse et Warner.

9-Coup de Théâtre (Tom George, 2022):

Un vent de fraîcheur! Les whodunnit, j’en suis friande, mais là, c’est le top du top! L’intrigue, flirtant parfois avec le meta, se moque avec brio de sa propre construction et fait mieux en terme de comédie que la majorité des comédies qui sortent depuis des années, avec un délicieux tandem Sam Rockwell-Saoirse Ronan!

10-Lovely Bones (Peter Jackson, 2009):

Malgré une direction artistique qui a pris un petit coup de vieux, un brillant thriller fantastique glaçant, le film parfait pour me rendre cardiaque. Un des meilleurs rôles de Saoirse Ronan en la personne de Susie Salmon, et le meilleur de Stanley Tucci admirablement détestable dans le rôle de George Harvey.

La liste d’Indiana:

Under the Silver Lake
Sorry to Bother You
Extremely Wicked Shockingly Evil and Vile
Midsommar
Green Book
The Northman
Saltburn
Saint-Maud
The Innocents
One Cut of the Dead
Bonus: Pearl et X

La liste de Bertrand:

Trilogie Musashi de Hiroshi Inagaki (1954-1956)
Du sang sur la Tamise de John Mackenzie (1980)
Withnail and I de Bruce Robinson (1987)
Dead Man’s Shoes de Shane Meadows (2004)
Under The Silver Lake de David Robert Mitchell (2016)
Le Traître de Marco Bellochio (2019)
Uncut Gems de Bennie et Joshua Safdie (2020)
Speak no Evil de Christian Tafdrup (2022)
Perfect Days de Wim Wenders (2023)
Sans jamais nous connaître d’Andrew Haigh (2024)