L’histoire est connue, Honoré de Balzac a fait paraitre son roman Illusions perdues en 3 parties entre 1837 et 1843. Lui-même passé dans l’imprimerie, il imagine l’ascension irrésistible d’un jeune loup de province, Lucien de Rubempré, dans la fournaise impitoyable de la capitale parisienne. Parti de rien, il grimpe les échelons 4 à 4 avant d’être victime d’une vendetta diligentée par tous ceux qui ne veulent pas le voir réussir. Le film est certes long mais mené tambour battant avec une belle cohorte d’acteurs investis, une vraie réussite.

C’est dans les vieilles marmites…

Bien que comptant déjà quelques films au compteur, c’est bien dans Eté 85 que Benjamin Voisin a imposé son talent avec ses manières de petite frappe et sa belle tête à claques. Changement de décor ici avec cette histoire de provincial féru d’écriture qui monte à Paris pour se faire publier. Pris sous l’aile d’un rédacteur aux dents longues (toujours convaincant Vincent Lacoste), il oublie peu à peu ses aspirations initiales pour se gaver de l’argent facile promis par une carrière journalistique entre piques faciles et saillies assassines dans une feuille de chou de l’époque. Le film démontre la vanité du succès et la flagornerie de ceux qui applaudissent par devant et houspillent par derrière. Les talents non point littéraires mais surtout acides du jeune héros font merveille et l’ascension est autant fulgurante que la chute est violente. L’adaptation est volontairement excessive, tout le début du film est un festival de sourires ébahis et de rires sonores, le jeune Lucien  profite en tout, alcool, drogues, femmes, il enchaine jusqu’à s’endetter en espérant que l’acquisition d’un titre de noblesse puisse éponger la montagne d’échéances en constitution. Le film est surtout d’une belle modernité en soulignant ceux qui font et défont les modes sur un simple claquement de doigts. Les temps changent mais pas les mœurs, le film insiste tout de même sur le mépris affiché par la capitale pour les parvenus de Province, la querelle entre royalistes et progressistes mais toujours les différences de classe et de richesse. Décors au diapason, scénario qui suit l’oeuvre du maitre Balzac, le matériau est fertile pour offrir un beau spectacle pendant 2h30, quand même, avec suffisamment de détours et de virages pour maintenir l’attention des spectateurs.

Le réalisateur des déjà très réussis L’apparition et de Marguerite ne fait pas dans la facilité en s’attaquant à un monument de la littérature française. Le résultat est divertissant en diable et interroge sur notre propre époque. De quoi donner envie de se déplacer pour admirer le résultat.

Synopsis: Lucien est un jeune poète inconnu dans la France du XIXème siècle. Il a de grandes espérances et veut se forger un destin. Il quitte l’imprimerie familiale de sa province natale pour tenter sa chance à Paris, au bras de sa protectrice. Bientôt livré à lui-même dans la ville fabuleuse, le jeune homme va découvrir les coulisses d’un monde voué à la loi du profit et des faux-semblants. Une comédie humaine où tout s’achète et se vend, la littérature comme la presse, la politique comme les sentiments, les réputations comme les âmes. Il va aimer, il va souffrir, et survivre à ses illusions.