Prélude

Après le succès de la partie 1 de Dune, déjà signée Denis Villeneuve, qui préparait le public, cette deuxième partie était en toute logique très attendue.

Moi-même, je l’attendais, je voulais voir absolument Feyd-Rautha Harkonnen, la princesse Irulan Corrino et l’empereur Padishah Shaddam IV, après avoir déploré leur absence dans le premier opus, que j’ai malgré tout beaucoup aimé. La dimension contemplative, lente et posée m’avait beaucoup plu.

Je l’attendais, cette partie 2 de Dune! Avec beaucoup d’enthousiasme! Mais le destin en a décidé autrement. Contrairement au monde entier, je n’ai pas été conquise par ce deuxième opus grandiloquent, que je considère parasité par des défauts importants qui le gâchent et le font contraster avec son prédécesseur.

La saga était si bien partie, qu’est-ce que c’est que cet accident?!

La dimension religieuse et prophétique, entre doutes et superstitions

C’est un des gros points forts du film, d’ailleurs, tout n’est pas à jeter.

Durant tout le film, Stilgar sent l’accomplissement une prophétie. Il voit en Paul Atréides, désormais surnommé Muad’Dib, le Mahdi des Fremen, appelé Lisan Al-Gaib, celui qui ramènera la prospérité et la végétation luxuriante sur Arrakis. Sa foi maladive et obsessionnelle tourne quasiment au fanatisme religieux, créant un contraste entre les Fremen d’Arrakeen fidèles au Naib du Sietch Tabr et les Fremen fondamentalistes du Sud (plus Chani) qui peinent à prendre la foi de Stilgar au sérieux et donc se méfient de Paul Muad’Dib. Cependant, ce dernier donne raison à Stilgar en prouvant par ses dons après avoir goûté à l’Eau de la Vie qu’il est bien le Lisan Al-Gaib.

Denis Villeneuve invite au questionnement sur la foi et les prophéties messianiques, avec beaucoup plus d’intelligence qu’un Ridley Scott qui a laissé sa haine indécente de la religion phagocyter la plupart de ses œuvres dans les années 2000-2010 comme Kingdom of Heaven, Prometheus, Exodus: Gods and Kings et Alien: Covenant.

Le scénario, bien que dépourvu des enjeux politiques et de la forte importance de l’Épice, est solide et reste fidèle au roman de Frank Herbert. À présent accrochez-vous, la suite va faire très mal:

Un revirement incompréhensible pour Chani

Avant toute chose, Zendaya est une actrice qui m’est très indifférente, je la trouve très en-deçà des autres actrices de sa génération (Saoirse Ronan, Dakota Fanning, Elle Fanning, Florence Pugh, Anya Taylor-Joy…), et son interprétation de Chani ne m’a rien inspiré, si ce n’est de l’apathie, tant elle semble glaciale, à l’extrême limite de l’antipathie.

Et il faudra qu’on m’explique un truc: Pourquoi Chani se détourne de Muad’Dib et abandonne les Fremen? J’espère que le troisième opus qui viendra prochainement, Le Messie de Dune, saura justifier ce revirement ou le corriger, parce qu’en l’état, ça ne fait pas vraiment de sens.

Je veux bien qu’elle ait des doutes sur le fait que Paul Muad’Dib soit réellement le Lisan Al-Gaib, un peu en raison de la foi à la limite du fanatique de Stilgar, mais le film donne plutôt l’impression que Chani trace sa propre route par jalousie parce que Paul a dit à l’empereur Shaddam IV qu’il prendrait la princesse Irulan comme épouse. Je rappelle que c’est juste un moyen pour Paul d’assurer sa légitimité sur le trône de l’Imperium, il n’a ni amour ni affection pour Irulan, c’est Chani qu’il aime.

On n’est pas encore au stade des Enfants de Dune, mais n’empêche, ils vont faire comment pour les jumeaux nés de Paul Muad’Dib et de Chani, Ghanima et Leto II, le futur Empereur-Dieu?

Denis, Jon Spaihts, qu’est-ce que vous avez foutu?!

Une mise en scène ruinée par un montage agité

La première partie de Dune avait divisé les spectateurs. Les détracteurs reprochaient notamment un rythme lent et étiré et un manque d’action et de tonus. C’était un choix nécessaire pour exposer convenablement l’univers de Dune (et encore, les enjeux politiques ont été occultés), sinon, on aurait eu droit à des dialogues d’exposition ridicules et de la voix-off, et nous ne voulons pas ça dans une œuvre aussi sacrée que Dune, et surtout pas de la part d’un réalisateur estimé comme Denis Villeneuve, n’est-ce pas?

Ces spectateurs… ils sont impatients, n’est-ce pas?

Tellement impatients que dans une tentative désespérée de les retenir, la narration passe la seconde et accélère son rythme, mais artificiellement, la rendant nerveuse. Le montage est plus haché, voire charcuté.

Les plans s’enchaînent, ils ne respirent pas ou pas assez comme ils sont trop nombreux et ils sont superflux (Trois plans pour montrer le bombardement et l’explosion du flanc de la montagne qui abrite le Sietch Tabr? Il y a un voire deux plans en trop! Un seul plan avait suffi à Francis Ford Coppola pour montrer la mise à feu de la jungle dans Apocalypse Now!)

Les combats non plus ne sont pas épargnés. À part un plan assez long qui montre Paul abattant quelques Harkonnens à la suite, quand ça se bat, ce n’est pas très lisible et ça manque d’épique. Même le duel final entre Paul Muad’Dib et Feyd-Rautha a des plans en trop et épileptiques, malgré son élégance. Faire tout plein de coupes et de plans raccourcis pour dynamiser artificiellement un récit, à moins de s’appeler Michael Bay, c’est soit de l’incompétence (ce qui est fortement improbable dans le cas de l’équipe technique de Dune), soit de la paresse.

Les décors et la photographies, toujours aussi beaux soient-ils, ne sont pas mis en valeur par le montage épileptique du film. Avec des plans trop courts, impossible de profiter des visuels, aucune possibilité de contemplation. Il n’est pas nécessaire de faire un montage saccadé et effréné pour dynamiser le rythme d’un film.

Le montage, en l’état, ne rend pas justice à la mise en scène. Le langage cinématographique de Denis Villeneuve est saboté par ces plans qui sprintent.

Conclusion

Après un premier opus posé et patient qui introduit soigneusement l’univers de Dune, l’intrigue et le complot de l’Imperium avec les Harkonnen et l’ordre des Bene Gesseritt contre les Atréides, Dune Partie 2 se précipite et finit en conséquence par s’essouffler.

Synopsis

Après que les Harkonnen ont réussi à se débarrasser des Atréides (croyant que Paul (Timothée Chalamet) et Dame Jessica (Rebecca Ferguson) sont morts), le Baron Vladimir Harkonnen (Stellan Skarsgård) tente de renforcer l’influence de sa maison sur Arrakis en congédiant son neveu Glossu Rabban (Dave Bautista) pour envoyer à la place son autre neveu Feyd-Rautha (Austin Butler), mais les attaques des Fremen menées par Paul Atréides, Chani (Zendaya) et Stilgar (Javier Bardem) sur ses véhicules se multiplient et l’empêchent de s’emparer de l’Épice. Dame Jessica goûte à l’Eau de la Vie et devient la nouvelle Révérende Mère d’Arrakis. Stilgar, de son côté, sent qu’une prophétie est en train de se réaliser, en voyant en Paul Muad’Dib le Mahdi, le Lisan Al-Gaib, le messie qui ramènera la verdure sur Arrakis. Du côté de l’Imperium, le complot fomenté contre les Atréides par l’empereur Shaddam IV (Christopher Walken), la princesse Irulan (Florence Pugh) et la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam (Charlotte Rampling) s’effrite.